Dans les tumeurs neuroendocrines du pancréas (TNEP) avancées, la radiothérapie interne vectorisée (RIV), par Octreotate-DOTA-Lutétium 177 (OCLU), a démontré un bénéfice supérieur, par rapport à un standard thérapeutique (sunitinib), selon l’essai de phase II randomisé OCLURANDUM (1), présenté lors du dernier congrès européen de cancérologie (ESMO 2022). Dans cette étude, 84 patients atteints de TNEP agressives et évolutives, métastatiques et lourdement prétraités, ont été inclus durant cinq ans et répartis entre les deux bras. Le premier groupe a reçu une injection d’OCLU tous les deux mois à quatre reprises ; le second, un comprimé quotidien de sunitinib (37,5 mg). Le suivi médian était de 40 mois.
Dans le groupe traité par OCLU, le taux de survie sans progression (SSP) à un an s’élève à 80 % chez les patients éligibles, contre 42 % dans le bras contrôle sunitinib (SUN). La SSP moyenne atteint respectivement 20,7 mois (OCLU) versus 11 mois (SUN). « Il s’agit de la première étude randomisée prospective de phase II à démontrer, avec un tel niveau de preuve, l’intérêt de ce traitement dans les TNEP métastatiques et évolutives », explique le Dr Éric Baudin (Gustave Roussy, Villejuif), qui a présenté l’étude. Les effets indésirables sévères (grade 3-4) étaient de 44 % avec l’OCLU, contre 60 % sous SUN. Il n’a pas été révélé d’excès de cancers radio-induits.
Cette RIV possède une AMM européenne dans les tumeurs neuroendocrines digestives et pancréatiques de grade 1-2, mais n’est pas encore remboursée dans les TNEP avancées. « Cet essai pourrait contribuer à accélérer le remboursement de ce traitement en France. Il faudra d’autres études et résultats, notamment pour déterminer la place de ce nouveau traitement dans la séquence de prise en charge thérapeutique. Mais cette première étude randomisée montre qu’il est envisageable de proposer cette approche thérapeutique avant le sunitinib dans cette population de patients », conclut le Dr Baudin.
(1) Baudin E et al, ESMO 2022, Abstract 8870
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