Le groupe français de transplantation fécale a publié sur son site web www.gftf.fr des recommandations. Aujourd’hui la seule indication de soin de la transplantation fécale reste les infections récidivantes à Clostridium difficile. Des données émergent sur son intérêt dans des formes graves d’infection à Clostridium difficile qui ne répondent pas aux traitements conventionnels.
Les essais randomisés se multiplient dans d'autres indications. Dans la rectocolite hémorragique, les résultats encourageants contre placebo restent mitigés avec au mieux 20 à 30 % de rémission après 8 à 12 semaines, sans données à plus long terme. Sur les 3 essais dont les résultats sont disponibles, 2 sont positifs (1) et le 3e est négatif (2). À l’hôpital Saint-Antoine, l’équipe du Pr Sokol va entreprendre un large essai chez 120-130 patients pour évaluer la transplantation comme traitement de maintenance après une rémission. Les inclusions doivent commencer début 2019.
Dans la maladie de Crohn, l’équipe du Pr Sokol a présenté à Vienne en 2018 au congrès de l’United European Gastroenterology (UEG) les résultats d’un essai randomisé pilote avec 9 patients par groupe. Les patients étaient inclus en poussée, traités par corticothérapie puis une fois la rémission clinique obtenue, ils recevaient soit une transplantation fécale soit un placebo. La corticothérapie était diminuée progressivement et les patients suivis sur 6 mois. Cet essai, de taille limité, suggère la supériorité de la transplantation fécale en termes de maintien de la rémission clinique et de la cicatrisation muqueuse, particulièrement lorsque le microbiote du donneur colonise efficacement le receveur.
Dans le syndrome de l’intestin irritable, une 1re étude contrôlée versus placebo chez 90 patients a montré un effet positif (3) ; mais un 2e essai multicentrique contrôlé versus placebo chez 52 patients est négatif (4). « Ceci suggère qu’il s’agit de maladies hétérogènes. Le microbiote ne doit jouer un rôle que dans des sous populations de patients au microbiote altéré qu’il faudrait pouvoir cibler. La transplantation ne peut améliorer tous les patients atteints de syndrome de l’intestin irritable. Cet essai négatif est important, car il peut faire prendre conscience à des patients que la transplantation fécale n’est pas une solution miracle », remarque le Pr Sokol.
Des séries de cas de transplantation fécale sont assez encourageantes pour l’éradication de bactéries multirésistantes.
« En hématologie une étude très intéressante sur l’autotransplantation fécale chez des patients ayant subi une allogreffe de moelle (5) montre que cette technique permet aux patients de retrouver leur microbiote initial. Le prélèvement de selles fait avant la greffe est transplanté lorsque les patients sortent d’aplasie, après les perturbations majeures induites par la chimiothérapie et les antibiotiques au cours de la greffe », indique le Pr Sokol. Dans le syndrome métabolique, deux essais contrôlés montrent que la transplantation fécale apporte une amélioration légère et transitoire de la sensibilité à l’insuline, cliniquement peu probante. « Le microbiote joue un rôle, mais la transplantation fécale n’est probablement pas le bon levier », estime le Pr Sokol. Enfin, quelques données suggèrent un possible effet de la transplantation fécale dans l’encéphalopathie hépatique et dans l’autisme. Des études randomisées contrôlées sont en cours.
(1) Moayyedi et al., Gastro 2015 ;149(1):102-109.e6 ; Paramsothy et al., Lancet 2017;389(10075):1218-28
(2) Rossen et al., Gastro 2015 ;149(1) :110-118.e4
(3) Johnsen et al., Lancet Gastroenterol Hepatol 2018;3(1):17-24
(4) Halkjær et al., Gut 2018
(5) Taur Y. et al., Sci Transl Med 2018 ;10(460)
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