DEUX ÉQUIPES au Royaume-Uni (Bette Liu et Carole Hart), ont étudié le lien entre l’indice de masse corporelle (IMC), la consommation d’alcool et les maladies de foie. Liu, tirant parti des données de la cohorte « The Million Women Study » (Angleterre et Écosse), trouve que le risque relatif de cirrhose augmente de 28 % par tranche d’accroissement de 5 unités d’IMC au-dessus de 22,5. Le risque s’accroît de manière pratiquement équivalente dans toutes les tranches de consommation d’alcool. Les femmes ont été recrutées entre 1996 et 2001 à un âge moyen de 56 ans. Entre ces deux dates, 1 811 d’entre elles soit ont été admises à l’hôpital pour cirrhose, soit sont décédées de cela. Le risque absolu de cirrhose est d’une femme pour mille sur 5 ans.
À la question clef : quelle proportion des cirrhoses peut être attribuée aux facteurs de risque modifiables ? Les auteurs répondent que 42 % des admissions à l’hôpital et des décès par cirrhose hépatique peuvent être attribués à un excès de poids et 17 % à la consommation d’alcool. Les auteurs précisent : la combinaison de deux facteurs, obésité et une consommation d’alcool de 150 g (18 unités) par semaine est associé à une multiplication par 5 du risque de cirrhose, comparativement aux femmes qui boivent moins de 70 g d’alcool par semaine.
L’alcool et l’excès de poids ont-ils un simple effet additif ou bien une amplification synergique ? Carole Hart et coll. se sont efforcés de répondre à cette question à partir des données des études « Midspan » (9 559 hommes au Royaume-Uni, suivis pendant une durée médiane de 29 ans). Là aussi, la consommation d’alcool et l’IMC sont fortement et de manière indépendante associés à la mortalité par maladie hépatique. Et ils trouvent aussi un effet synergique entre les deux paramètres, avec une amplification des lésions hépatiques, à partir du moment où existe une obésité associée à la consommation de 15 unités d’alcool par semaine.
L’association entre l’augmentation de l’IMC et la cirrhose s’explique par les conséquences biochimiques et physiologiques de l’excès de poids sur le foie. Le syndrome métabolique est caractérisé, entre autres, par la présence de « graisse ectopique », qui s’accumule notamment au niveau du foie et occasionne une hépatopathie lipidique non alcoolique, qui peut s’exprimer selon tout un spectre d’états pathologiques, de la simple stéatose jusqu’à la cirrhose, voire au carcinome hépatocellulaire. Chez environ 40 % des personnes porteuses d’une hépatopathie lipidique non alcoolique, l’évolution se fait vers la stéatose hépatique avec présence d’une inflammation. L’hépatite stéatosique non alcoolique peut progresser vers une fibrose évoluée et la cirrhose et est porteuse d’un risque de carcinome hépatocellulaire. A ce jour, seules des biopsies hépatiques peuvent faire le diagnostic d’une hépatopathie non alcoolique chez un obèse.
British Medical Journal édition en ligne.
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