Jusqu’ici, la greffe de flore fécale de sujets sains a été réalisée par endoscopie basse : après une évacuation du tube digestif, les patients reçoivent une injection de matières fécales (après préparation) dans le côlon.
Face au nombre et à la gravité des infections à Clostridium difficile, les équipes de l’Assistance publique des Hôpitaux de Marseille ont décidé d’utiliser une nouvelle technique : l’introduction d’une sonde par voie nasale jusqu’à l’estomac. Trois greffes viennent d’être réalisées chez des patients âgés de 75 à 80 ans avec ce protocole plus simple. Il est prévu de traiter d’autres patients. « Cette stratégie expérimentale a encore besoin d’être évaluée et des études sont prévues », souligne le Pr Didier Raoult (directeur du laboratoire de bactério-virologie à l’hôpital de la Timone, Marseille).
Les infections par C. difficile sont en augmentation « de façon inquiétante », commente le Pr Didier Raoult qui présente ses résultats avec le Dr Jean-Christophe Lagier (service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Nord). Dans le genre des Clostridium difficile, certaines espèces sont toxinogènes (entraînant des colites). Et parmi les espèces toxinogènes, on distingue le ribotype 027, épidémique : ce sous-type 027 occasionne des colites très agressives, aboutissant dans 20 à 30 % des cas à un décès, par choc septique avec défaillance multiviscérale.
Un clone épidémique
Ce sous-type 027 a d’abord été identifié en Amérique du Nord. En France, il y a eu une épidémie à Lille, avec 200 personnes atteintes. Et il est réapparu à Marseille en février 2013 : 30 à 40 cas sont répertoriés.
Le clone épidémique de C. difficile occasionne 50 000 décès dans le monde, dont 15 000 en Europe. Les infections intestinales les plus graves apparaissent souvent à cause d’un déséquilibre de la flore microbienne (microbiome) du tube digestif, parfois dû à une prise d’antibiotiques.
Pour lutter contre les infections, on dispose de différents traitements anti-infectieux. Mais les scientifiques recherchent le moyen de restaurer une flore intestinale normale, pour pallier le déséquilibre associé à l’infection.
Et l’un des moyens les plus efficaces pourrait être la transplantation de microbes digestifs issus de la matière fécale de sujet non atteints de troubles digestifs, pour restaurer un écosystème normal.
90 % des patients ont guéri
« Dans une étude publiée dans le « New England Journal of Medicine », 90 % des patients infectés par Clostridium difficile et rebelles aux traitements antibiotiques ont guéri après une transplantation de matières fécales », souligne le Pr Raoult.
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