Une nouvelle approche thérapeutique des fistules digestives postopératoires basées sur les vésicules extracellulaires a été testée avec succès dans un modèle porcin. Ces travaux, réalisés par une équipe de chercheurs du CNRS, de l'AP-HP, de l'INSERM et des universités Paris Descartes et Paris Diderot, sont publiés dans « ACS Nano ».
« Il s'agit d'une approche innovante de médecine régénérative, indique au « Quotidien » le Dr Gabriel Rahmi, hépato-gastro-entérologue et chercheur à l'hôpital européen Georges-Pompidou, co-auteur de l'étude. Les essais chez l'homme devraient probablement commencer l'année prochaine. »
Une technique mini-invasive
Les vésicules extracellulaires sont des entités libérées par les cellules. Ce sont des particules inertes qui présentent des propriétés thérapeutiques. Elles ont précédemment montré leur intérêt dans le traitement des lésions cardiaques notamment. Selon le Dr Rahmi, « c'est la première fois que l'on traite des fistules digestives avec des vésicules extracellulaires ». Les fistules digestives correspondent à une communication anormale entre le tube digestif et un autre organe ou la peau.
Dans cette étude, les chercheurs ont eu recours à des vésicules extracellulaires issues de cellules souches mésenchymateuses provenant de tissu adipeux porcin.
Une fois ces vésicules extraites, les chercheurs ont procédé à une greffe allogénique chez des porcs présentant des fistules postopératoires via une technique mini-invasive. Avant d'être injectées par voie endoscopique pour atteindre les fistules digestives, les vésicules ont été mélangées à un gel thermosensible qui se gélifie à la température corporelle de l'animal.
Sécrétion de facteurs de croissance
Les vésicules vont ensuite sécréter des facteurs de croissance, permettant aux fistules de se refermer. « Les vésicules reproduisent l'effet paracrine de ces cellules souches, c'est-à-dire l'effet régénératif, explique l'hépato-gastro-entérologue. Elles ont un effet anti-inflammatoire, antifibrotique et proangiogénique. »
La combinaison vésicules-gel a entraîné la fermeture complète des fistules, et le gel seul une guérison de 67 % (le groupe contrôle de 0 %). Le gel apparaît donc également comme une option thérapeutique à lui tout seul. « Il a une action uniquement mécanique en obstruant les fistules », souligne le Dr Rahmi.
Cette approche, testée uniquement pour des fistules postopératoires dans cette étude, devrait être également évaluée dans le cadre des fistules péri-anales chez les patients atteints de la maladie de Crohn.
Les vésicules extracellulaires présentent plusieurs intérêts par rapport aux cellules souches. « Elles sont plus faciles à stocker que les cellules souches, elles ne se différencient pas et ne prolifèrent pas. Il n'y a donc pas de risque de cancer », note le Dr Rahmi.
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