Le génotypage a transformé en profondeur la prise en charge de plusieurs cancers. Et ce n’est pas fini. « Le génotypage tumoral est associé à une meilleure survie, explique le Pr Fabrice Barlesi, oncologue à Marseille (AP-HM) et premier auteur de l’étude récente Biomarqueurs soutenue par l’Institut National du Cancer (INCa) publiée dans le « Lancet ». Les résultats obtenus dans les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC), les cancers du poumon les plus fréquents, apportent la preuve de la validité clinique des tests moléculaires. La France est un modèle unique au monde, où chaque patient peut avoir accès au génotypage. »
28 plateformes
Aujourd’hui, il existe 28 plateformes de génétique moléculaire en France. Leur mission est de réaliser ces tests moléculaires pour l’ensemble des patients de la région, quel que soit l’établissement de prise en charge. En 2013, ces plateformes ont réalisé 89 000 tests à visée « théranostique » (néologisme qui dérive de la contraction entre thérapeutique et diagnostic) pour un total de 65 000 patients. Une dizaine de tests moléculaires ont une correspondance directe avec une thérapie ciblée ayant l’AMM dans 7 localisations.
Il s’agit du cancer du sein (amplification d’HER2), le cancer de l’estomac (amplification d’HER2), le cancer colorectal (mutations de KRAS et NRAS), les tumeurs stromales gastro-intestinales dites GIST (mutations KIT et PDGFRA), le cancer du poumon (mutations d’EGFR, translocation d’ALK), le mélanome (mutation de BRAF V600) et les leucémies, myéloïdes chroniques (LMC) et aiguës lymphoblastiques (LAL), (détection de BCR-ABL et mutations d’ABL). À une anomalie moléculaire peuvent correspondre plusieurs médicaments, par exemple pour la mutation EGFR, il existe 3 molécules différentes EGFR TKI.
Recherche de biomarqueurs
« En réalité, ce n’est que le premier des trois échelons qui existent dans le génotypage, poursuit l’oncologue. Le second correspond à la recherche systématique de biomarqueurs émergents prometteurs en développement mais qui n’ont pas encore d’AMM. Ils sont aujourd’hui au nombre de six. Cela répond à la volonté de l’INCa de faciliter l’accès à des essais cliniques et au traitement dès qu’il sera disponible. » Au total, seize biomarqueurs sont recherchés en routine, en fonction du type de la tumeur.
« C’est très différent de ce qui est prévu dans le troisième échelon, qui en train de s’implémenter, précise-t-il. Il s’agit ici d’un séquençage de nouvelle génération, appelé NGS (Next Generation Sequencing), où il est question de réaliser une carte du génome exhaustive, probablement sur 40-80 gènes, et identique quelle que soit la tumeur. » L’objectif fixé par l’INCa est une réalisation en routine pour 2017-2018, le but étant de simplifier les pratiques et accélérer l’accès aux traitements. Les molécules en développement ne manquent pas pour les thérapies ciblées. « On estime qu’elles sont au nombre de 800 en cancérologie au global, si l’on inclut celles en phase très précoce », indique le Pr Barlesi.
L’intérêt majeur des biomarqueurs est d’adapter le traitement et d’améliorer la survie. Mais ce n’est pas la seule utilisation possible. « Les biomarqueurs permettent de monitorer l’évolution de la maladie, décrit le Pr Barlesi. Ces marqueurs dits prédictifs sont utilisés en hématologie, par exemple BCR-ABL dans le suivi des LMC, mais aussi pour la mutation EGFR dans les tumeurs bronchiques ». Hormis ce dernier cas de figure, le monitoring reste très peu réalisé pour les tumeurs solides, pour lesquelles l’analyse est réalisée sur du tissu cancéreux. « La mutation EGFR est réalisée sur de l’ADN circulant dans le sang, explique le spécialiste. L’idée est de développer les anomalies retrouvées dans le sang, à l’aide du matériel génétique libéré par les cellules tumorales détruites ».
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