LE 26 JUIN 2000, l’annonce avait été planétaire. Le président Bill Clinton, lors d’une cérémonie à la Maison blanche, en duplex télévisé avec le Premier ministre anglais, Tony Blair, annonçait la fin du séquençage du génome humain. Entouré du Dr Francis Collins, alors responsable du consortium international Human Genome Project (HGP) et de Craig Venter, P-DG de la société privée Celera Genomics, le président américain déclarait : « C’est la carte la plus importante jamais produite par l’humanité. » Au fil des fuseaux horaires, l’annonce a, ce jour-là, fait le tour de la planète. Japon, Chine, Allemagne, France, Royaume-Uni ont aussi célébré l’événement, fruit d’une « coopération internationale exemplaire », soulignait Roger-Gérard Schwartzenberg, ministre français de la Recherche. Dix-huit pays avaient financé le projet, qui a coûté 3 milliards de dollars et mobilisé un millier de scientifiques dans 16 centres de recherche à travers le monde. Après onze ans d’efforts et une production continue de séquences brutes de mille bases par secondes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, l’exploit a pu être annoncé cinq ans avant la date prévue. Bill Clinton allait même jusqu’à prédire qu’il allait « révolutionner le diagnostic, la prévention et le traitement de la plupart, sinon de toutes les maladies ».
Médecine personnalisée.
Dix ans après, le Pr Francis Collins, aujourd’hui responsable des Instituts nationaux américains de la santé (NIH) reconnaît que HGP n’a pas encore eu d’effet direct sur les soins médicaux de la plupart des patients. « Les applications en médecine clinique sont jusqu’à présent modestes même si certaines avancées majeures ont été réalisées », souligne-t-il. Les nouveaux traitements anticancer ciblant certaines fonctions vitales des tumeurs, les tests génétiques prédictifs du risque de récidive d’un cancer du sein ou de la réponse à plus d’une dizaine de médicaments selon le profil génétique des patients, figurent parmi ces avancées. De même, 10 % des médicaments pour lesquels une autorisation de mise sur le marché est soumise à la FDA, contiennent des informations pharmaco-génomiques.
Dans l’article qu’il signe avec Margaret Hamburg, directrice de la FDA, dans « The New England Journal of Medicine » publié en ligne le 15 juin dernier, le Pr Collins affirme que le défi consiste aujourd’hui à apporter toutes ces avancées au lit des malades. Tous les deux croient en l’avenir de la médecine personnalisée, celle qui permet de donner aux patients « la bonne molécule, à la bonne dose et au moment opportun ». Mais, reconnaissent-ils, de nombreux obstacles devront encore être levés. Parmi eux, la qualité et de la fiabilité des tests génétiques n’est pas le moindre.
* Ce n’est qu’en février 2001 que les résultats seront publiés dans « Nature » pour le consortium public international du Human Genome Project, et dans « Science » pour le consortium privé piloté par Celera Genomics.
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