Dans son avis 124, rendu public le 21 janvier, le comité consultatif national d’éthique (CCNE) a souhaité éclairer « la complexité » des questions éthiques que suscitent les tests génétiques et le séquençage de l’ADN humain à très haut débit.
Parmi les questions brûlantes, figure celle du consentement libre et informé, fondement du droit médical et de la bioéthique. « Ce dispositif nécessite d’être entièrement revu », dit le CCNE.
À la croisée de la recherche et de la pratique médicale, le séquençage à très haut débit rend poreuse la différence entre le consentement général et ouvert (requis dans les programmes de recherche) et un consentement restreint, conditionné à une information précise, localisée dans le temps. Quel type de consentement demander lorsque le séquençage global du génome devient une facilité technique, ou une nécessité (comme en oncologie pour comparer le génome tumoral au génome constitutionnel) ?
D’autre part, où est l’autonomie du patient ? Une personne en situation de vulnérabilité médicale peut-elle librement refuser ou donner son consentement ? « Le consentement ne doit en aucun cas être l’alibi d’un choix forcé », dit la philosophe Cynthia Fleury, rapporteure de l’avis. « Il serait irresponsable de ne pas s’inquiéter la vérité du consentement », poursuit-elle.
Risques psychologiques
Autre question : comment respecter le droit de ne pas savoir ? Les risques psychologiques liés à l’annonce du résultat d’un test génétique ne sont pas à minimiser, alerte le CCNE. « Le temps se télescope entre l’état de santé et l’état de la maladie », explique Cynthia Fleury. La maladie risque de devenir la seule certitude d’une vie, qu’elle finit par caractériser. Et que faire lorsqu’on ne sait pas soigner la maladie ? L’annonce du résultat doit être anticipée, à travers un entretien psychologique qui familiarise avec une pensée de l’incertitude. « Le conseil génétique doit faire réfléchir : 50 % des jeunes qui se rendent à la consultation de La Pitié Salpétrière sur la maladie de Huntington finalement décident de ne pas savoir », illustre Jean-Claude Ameisen.
L’information génomique conduit enfin à réfléchir à la propriété de ses données. En France, la loi du 7 juillet 2011 rend obligatoire l’information de la parentèle en cas de diagnostic d’une maladie génétique héréditaire grave. « Cela ne résout pas la question éthique de savoir annoncer un risque de maladie à une parentèle qui n’est pas en demande », dit le CCNE.
Dans la recherche, doit-on parler d’un don d’information lorsqu’on s’engage dans un protocole ou qu’on intègre une cohorte ? Peut-on récupérer ou effacer ses données si l’on change d’avis ? questionne Cynthia Fleury. Le CCNE suggère de réfléchir à la formalisation d’un contrat de réciprocité entre l’individu et les autorités publiques, la vie privée et la santé publique.
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