De notre correspondante
LA PLUPART DES CANCERS de la prostate diagnostiqués chaque année ont une évolution lente et ne causeront pas la mort du patient.
Le principal facteur pour évaluer l’agressivité et le pronostic d’un cancer de la prostate reste actuellement le score de Gleason, qui estime le degré de différenciation des cellules sur les échantillons biopsiques de la prostate. Lorsqu’un cancer de la prostate est considéré à faible risque sur la base d’un score de Gleason bas (de 6 ou moins) et d’autres paramètres comme le petit volume tumoral, les patients peuvent opter pour une surveillance active, avec dosages du PSA et biopsies effectués a intervalles réguliers, dans l’intention d’éviter un traitement s’il n’y a pas de progression.
Toutefois, une minorité des cancers classés a faible risque auront finalement une évolution agressive, létale. Et il est impossible actuellement de distinguer, à coup sûr, ceux qui resteront indolents de ceux qui évolueront de façon agressive.
19 gènes associés.
À la recherche d’un biomarqueur indiquant une évolution lente pour les cancers de la prostate à faible risque, le Dr Cory Abate-Shen et son équipe de l’université Columbia (New York) ont porté leur attention sur les gènes associés au vieillissement cellulaire (ou sénescence). La sénescence est en effet reconnue pour son rôle de suppression tumorale dans de nombreux cancers, y compris celui de la prostate.
Utilisant une approche non biaisée, ils ont identifié 19 gènes associés à la sénescence qui sont préférentiellement exprimés dans un modèle murin de cancers indolents de la prostate.
Ils ont ensuite pu réduire cette signature à 3 gènes - FGFR1, PMP22, et CDKN1A - qui , ensemble, permettent de mieux prédire l’évolution des cancers de la prostate associés à un faible score de Gleason. L’expression de ces 3 gènes est associée à l’indolence, tandis que leur sous-expression (ou négativité) est associée à une évolution agressive.
10 années de suivi.
Une étude préliminaire rétrospective suggère la précision pronostique de ce biomarqueur.
Les chercheurs ont testé l’expression des 3 gènes dans les échantillons tumoraux initiaux de 43 patients ayant un cancer de la prostate classé à faible risque évolutif (score de Gleason de 6 ou moins, tumeur localisée, de petite taille, et PSA 10 ng/ml). Ils ont tous été soumis à une surveillance active pendant au moins 10 ans à l’université Columbia.
14 de ces 43 patients développèrent finalement un cancer de la prostate avancé. Ces 14 patients sans exception étaient tous identifiés correctement par le biomarqueur (indiquant une tumeur agressive).
Il reste maintenant aux chercheurs d’évaluer ce biomarqueur dans une étude clinique prospective, déjà planifiée. « Si ce biomarqueur est validé, il sera développé en test diagnostique » , assure au Quotidien le Dr Abate-Shen.
Science Translational Medicine, Irshad et coll., 11 septembre 2013
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