La grossesse à trois génomes

Un enfant, trois parents

Publié le 08/06/2015
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Le concept d’enfant à trois génomes n’est pas récent. Il y a une quinzaine d’années, la répétition des échecs d’implantation d’embryons chez certains couples infertiles avait suggéré, entre autres, l’argument que ces échecs étaient dus au manque d’énergie des cellules embryonnaires. Or, qui fournit l’énergie cellulaire, qui est le carburant de ces cellules ? Ce sont les mitochondries de la femme, puisque dans un ovocyte il y a en moyenne 300 000 copies d’ADN mitochondrial et seulement un millier chez l’homme.

Pour contourner ce problème, l’équipe de Jacques Cohen (New Jersey) a eu recours au don d’ovules par des femmes chez qui les grossesses s’étaient déroulées sans problème. Du cytoplasme (c’est là que se trouvent les mitochondries) a été prélevé sur des ovules de donneuses et injecté dans les ovocytes des femmes dont les grossesses n’aboutissaient pas. Une vingtaine d’enfants sont nés ainsi aux États-Unis. Mais cette pratique a été dénoncée par de nombreuses équipes et s’est finalement arrêtée.

Une vingtaine d’enfants

Puisque la technique existait, elle a été reprise pour des femmes atteintes d’une maladie mitochondriale. Ainsi, le noyau de l’ovocyte de la femme atteinte a été extrait et réintégré dans l’ovocyte de la femme indemne (ovocyte dont on a préalablement enlevé le noyau). L’embryon est ensuite obtenu après insémination avec les spermatozoïdes du père. D’où l’enfant à trois parents : le père et la mère civils qui ont chacun apporté leur noyau et la femme qui a donné son cytoplasme avec les mitochondries saines. Quelques enfants sont nés ainsi aux États-Unis.

« Autant cette approche sur le plan théorique est séduisante, autant elle pose de réels problèmes, conclut le Pr Samir Hamamah (Montpellier). Car lors de l’extraction du noyau de la mère porteuse de la maladie, on ne peut pas être certain qu’on n’amène pas un peu d’ADN mitochondrial pathologique, avec le risque que l’enfant à naître soit porteur de la maladie. Il ne faut pas créer de faux espoirs alors que l’alternative d’une grossesse avec don d’ovocytes est mille fois plus sûre ».

Entretien avec le Pr Samir Hamamah, responsable de département Biologie de la Reproduction, CHRU Montpellier
Dr Brigitte Martin

Source : Bilan spécialiste