INFOGYN - Contraceptions plurielles

Encore des idées reçues sur les méthodes définitives

Publié le 18/11/2013
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EN FRANCE, la contraception définitive a été légalisée avec la loi du 4 juillet 2001 relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception. Trois techniques sont aujourd’hui à la disposition des hommes et des femmes qui le souhaitent : la vasectomie, très peu utilisée dans notre pays (2 000 gestes en 2012), la ligature des trompes sous cœlioscopie et, depuis, 2002, la pose d’implants tubaires sous hystéroscopie (méthode Essure). Cette dernière technique, réalisée en ambulatoire en une dizaine de minutes – et qui peut depuis 2007 être proposée en première intention – est désormais la première méthode de stérilisation tubaire : près de 20 000 poses d’implants en 2012, contre 15 700 ligatures des trompes.

Si la place de la contraception définitive progresse, les enquêtes et données nationales montrent toutefois que la loi de juillet 2001 n’est pas toujours bien connue et que de nombreuses idées fausses circulent.

Les gynécologues (enquête Stéri-gyn) et les personnels travaillant dans les centres d’interruption de grossesse et de contraception (étude ANCIC) ou centres de planning familial (étude MFPF) sont respectivement 94 %, 94 % et 100 % à déclarer connaître la loi, proportion qui n’est que de 30 % pour les médecins généralistes (région Bretagne, Midi-Pyrénées et Normandie).

Des critères limitants, relatifs à l’âge et au nombre d’enfants notamment, apparaissent lorsque les personnes sont interrogées sur la cible de cette loi du 4 juillet : seuls 87 % des répondants des centres de planning savent que la loi s’adresse à toute personne majeure en faisant la demande, chiffre qui n’est que de 24 % chez les généralistes. Le délai de réflexion de 4 mois prévu par la loi est connu de la majorité des gynécologues (94 %) et personnels de centres de planning (100 %) ou d’interruption de grossesse (90 %), mais de seulement un tiers des généralistes.

Constat plus surprenant : 24 % des gynécologues pensent qu’un accord écrit du conjoint est nécessaire pour une prescription de stérilisation, tandis que 58 % des généralistes déclarent ne pas savoir quel est le rôle du conjoint dans la prise de décision.

Ces enquêtes soulignent également que la possibilité d’une contraception définitive n’est pas assez souvent abordée de façon spontanée par les médecins (40 % des gynécologues, 16 % des généralistes) et que le choix personnel de la patiente n’est pas, pour la majorité des médecins gynécologues (59 %) ou généralistes (82 %), le principal critère de choix d’une contraception définitive. L’âge et le nombre d’enfants sont ainsi des critères mis en avant.

Une meilleure information sur la contraception définitive, qui doit être présentée dans le cadre de l’arsenal contraceptif, semble indispensable. Le risque de regrets avancé par certains n’est pas une réalité : le taux de regret est de 0,026 % avec la méthode Essure et de 0,205 % après une ligature des trompes. L’acte est pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale pour toutes les femmes majeures en âge de procréer souhaitant une stérilisation tubaire permanente comme moyen de contraception définitive et irréversible.

D’après les communications des Drs Thierry Brillac, Toulouse, Danielle Gaudry, Paris, Marie Romero, Toulouse et Marie-Laure Brival, Paris. Session organisée avec le soutien de la société Conceptus.

 Dr I.H.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9281