Le risque d’hypotrophie et de prématurité est majoré pour les bébés nés de mères ayant pratiqué 3 ou plus interruptions volontaires de grossesse (IVG), d’après une étude finlandaise, l’une des plus importantes sur le sujet. Les chercheurs d’Helsinki ont analysé les données d’une cohorte nationale de 300 858 primipares sur la période 1996-2008, les grossesses multiples étant exclues. Par rapport à celles n’ayant jamais avorté, les femmes ayant eu recours à ≥ 3 IVG auparavant ont présenté un risque faible mais statistiquement significatif de donner naissance à un bébé de très petit poids (< 1 500 g), de petit poids (< 2 500 g), prématuré (< 37 semaines) ou très grand prématuré (< 28 semaines).
Néanmoins, pour le Dr Reija Klemetti, l’auteur principale, s’il faut informer les femmes des conséquences obstétricales pour les grossesses futures, il n’est pas question de les alarmer car « l’augmentation du risque est très faible, en particulier en cas d’une IVG unique et même de deux ».
Le seuil de 3 IVG
La majorité des IVG ont été chirurgicales (88 %) et réalisées avant 12 semaines (91 %). Si le risque de prématurité augmente après chaque IVG, il devient significatif après la 2e intervention. « Pour mettre ces résultats en perspective, pour 1 000 femmes n’ayant pas avorté, trois d’entre elles donneront naissance à un bébé avant 28 semaines, commente le Dr Reija Klemetti. Le risque augmente à 4 femmes pour celles ayant avorté une fois, à 6 pour celles en ayant fait deux et à 11 pour celles en ayant fait 3 ou davantage ». Pour les femmes ayant eu au moins 3 IVG, le risque était augmenté d’un tiers (35 %) pour la prématurité (<37 semaines), de 43 % pour l’hypotrophie et multiplié par 2 (225 %) pour les très petits poids.
Si l’étude a tenu compte d’un ajustement sur les principaux facteurs de risque confondants, plus fréquents chez les primipares ayant eu recours à une IVG, tels que le tabagisme, le statut socio-économique, antécédents de fausses couches et de grossesses ectopiques, il est toujours possible que la plus mauvaise santé néonatale soit due à certaines caractéristiques maternelles non contrôlables. Le risque d’IVG répétées est plus élevé en cas de faible niveau socio-économique, lui-même étant un facteur de risque de prématurité et de mortalité périnatale.
L’avenir avec les IVG médicamenteuses
Pour ce qui est des mécanismes responsables, plusieurs hypothèses sont avancées, au premier rang desquelles le facteur infectieux puisque les femmes ayant avorté ont un risque plus grand de chorio-amniotite, d’infection perpartum et d’infections néonatales. Il est possible également que l’aspiration endo-utérine endommage l’endomètre, entraînant des anomalies de placentation et d’accouchements prématurés. De même que l’intervention chirurgicale peut être à l’origine d’un traumatisme mécanique du col.
La situation est probablement différente dans des pays moins favorisés que la Finlande, où le taux d’IVG est l’un des plus faibles d’Europe, la qualité de la prise en charge gynéco-obstétricale bonne et l’accès aux soins facilité. Il faut également noter que le contexte s’est inversé depuis la période d’étude avec une montée des IVG médicamenteuses, qui représentaient 90 % des IVG en Finlande en 2010. Si les effets secondaires à court terme sont plus fréquents, les conséquences obstétricales pour les grossesses futures pourraient être moins importantes.
Human Reproduction. doi: 10.1093/humrep/des294
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