L'indice de masse corporelle (IMC) de la mère au début de la grossesse est davantage lié au risque de complications pour la mère et l'enfant que la prise de poids gestationnelle. C'est ce que confirme une méta-analyse parue dans le « JAMA ».
Au total, 196 670 femmes ont ainsi été incluses à partir de 25 études de cohorte d'Europe et d'Amérique du Nord. Elles étaient 4 % à être en sous-poids (IMC < 18,5), 68 % à avoir un poids normal (18,5 < IMC < 24,9), 19,7 % à être en surpoids (25 < IMC < 29,9), 6,1 % à avoir une obésité de classe 1 (30 < IMC < 34,9), 1,7 % une de classe 2 (35 < IMC < 39,9) et 0,5 % une de classe 3 (IMC ≥ 40). « En plus du grand nombre de femmes incluses, une des forces de cette étude est d'avoir pu analyser tous les grades d'IMC, de la maigreur à l'obésité morbide », commente pour « le Quotidien » le Pr Emmanuel Cosson, endocrinologue à l'hôpital Jean-Verdier à Bondy (AP-HP).
Des complications chez 37,2 % des femmes
« Nos résultats montrent que le surpoids et l'obésité au début de la grossesse sont fréquents. L'obésité chez les femmes en âge de procréer est un problème majeur de société », indique au « Quotidien » Romy Gaillard, première auteure de l'étude.
Le critère principal de l'étude repose sur la survenue d'au moins l'un de ces effets indésirables : prééclampsie, hypertension gravidique, diabète gestationnel, accouchement par césarienne, naissance prématurée et petite ou grande taille pour l'âge gestationnel à la naissance. Au moins une de ces complications est survenue chez 37,2 % de l'ensemble des femmes (de 34,1 % pour les femmes ayant un poids normal à 61,1 % pour celles ayant une obésité de classe 3).
La prise en compte de ces complications a permis aux auteurs de définir un intervalle de prise de poids optimale pendant la grossesse en fonction de l'IMC des femmes en début de grossesse. Ainsi, pour les femmes en sous-poids, la prise de poids devrait être de 14 à moins de 16 kg, pour celles ayant un poids normal de 10 à moins de 18 kg, pour celles en surpoids de 2 à moins de 16 kg, pour celles ayant une obésité de classe 1 de 2 à moins de 6 kg, pour une obésité de classe 2 de 0 à 4 kg et pour une classe 3 de 0 à moins de 6 kg.
« Ces résultats correspondent globalement aux recommandations actuelles de l'US National Academy of Medicine (NAM) pour les femmes de faible poids, de poids normal et en surpoids », souligne le Pr Cosson. En revanche, les recommandations de la NAM pourraient surestimer la quantité optimale de poids que les femmes obèses devraient prendre pendant la grossesse.
Ainsi, alors qu'une trop faible prise de poids favorise un bébé de petite taille pour l'âge gestationnel et qu'une prise de poids trop élevée peut entraîner un bébé de grande taille, « il semblerait qu'une femme obèse puisse prendre peu de poids pendant la grossesse sans que cela ne soit délétère », note l'endocrinologue.
Prévention de l'obésité
Par ailleurs, « plus de 90 % des femmes souffrant d'obésité très sévère et prenant beaucoup de poids pendant leur grossesse ont eu des complications, souligne Romy Gaillard. Néanmoins, la prise de poids pendant la grossesse était beaucoup moins associée au risque de complications que le poids avant la grossesse. »
En effet, « aujourd'hui, les études ne parviennent pas à montrer que prendre moins de poids pendant la grossesse permet de limiter les complications », souligne le Pr Cosson.
La prévention des complications devrait donc passer davantage par l'optimisation du poids avant la grossesse que par la gestion de la prise de poids au cours de la grossesse et s'intégrer ainsi dans la prévention globale de l'obésité.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024