Angélique, 87 ans, consulte du fait d’une masse douloureuse autour du mamelon droit.
Lors de l’examen, nous notons une formation indurée, bien limitée au niveau de la zone décrite par la patiente, dont la palpation se révèle douloureuse.
De ce fait, nous avons demandé rapidement la réalisation d’une mammographie et d’une échographie mammaire. Cette formation au niveau du sein droit a été identifiée comme une calcification à la mammographie, et l’échographie permet d’identifier un bourgeon papillomateux de 7 mm (cliché ci-dessus, flèche rouge).
Malgré les réticences de la patiente compte tenu de son âge, le gynécologue consulté a préféré effectuer une exérèse chirurgicale de cette masse. L’examen anatomopathologique permet de poser le diagnostic de papillome central intracanalaire unique.
À l’issue de l’intervention, la patiente a été rassurée, et sa symptomatologie s’est rapidement amendée.
INTRODUCTION
Les papillomes intracanalaires sont des tumeurs bénignes observées au niveau de la zone centrale du sein, sous le mamelon, et correspondant à une prolifération endocanalaire de cellules épithéliales et myoépithéliales à l’intérieur au niveau des canaux galactophores.
Ils représentent 10 % des tumeurs bénignes du sein. Leur incidence est de 3 % chez les femmes (cette lésion chez l’homme est exceptionnelle), avec un pic de fréquence entre 35 et 65 ans.
Deux types de papillomes intracanalaires sont décrits :
• Les papillomes canalaires centraux (90 % des cas), qui naissent dans les gros canaux galactophores. Ils sont souvent mis en évidence au niveau de la région du mamelon, et sont observés le plus souvent chez des patientes âgées.
• Les papillomes canalaires périphériques, qui se développent au niveau des unités lobulaires du canal terminal. Leur identification est souvent difficile du fait de leur taille trop faible.
SYMPTOMATOLOGIE ET DIAGNOSTIC
Cliniquement, les papillomes de petite taille sont le plus souvent asymptomatiques, et leur découverte est souvent fortuite.
A contrario, ceux qui ont une taille plus importante (cas des papillomes canalaires centraux) peuvent donner des douleurs et se caractériser par une masse mammaire palpable (comme dans le cas de notre patiente).
On objective parfois un écoulement séreux ou sérosanguin unilatéral.
Différents examens complémentaires permettent de confirmer le diagnostic :
• La mammographie, qui objective des calcifications dans 25 % des cas pour les papillomes centraux.
• L’échographie qui a une sensibilité et une spécificité de 90 %. On note des nodules circonscrits dans l’espace canalaire dilaté en amont, et un canal d’alimentation ayant un calibre non modifié. Il existe une absence de flux de couleur lésionnel qui définit de ce fait la bénignité de la lésion.
• L’examen anatomopathologique, qui permet de confirmer le diagnostic. Il objective des axes conjonctifs ceinturés avec deux rangées de cellules épithéliales et myoépithéliales.
PRISE EN CHARGE
Deux types de prise en charge sont préconisés selon la localisation : excision canalaire pour les papillomes centraux et biopsie avec excision par mastectomie partielle stéréoguidée pour les papillomes périphériques.
Le traitement chirurgical est important car, même si les papillomes intracanalaires sont bénins et ne présentent aucune atypie cellulaire dans dans la grande majorité des cas, il peut exister des atypies dans 9,2 % des cas (le plus souvent pour les papillomes périphériques). Or, dans les cas de formes cellulaires atypiques, une évolution vers une tumeur maligne est possible (entre 4 et 45 % des cas).
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