Un quart des femmes ont abandonné la pilule en trois ans

Le recul de la contraception orale creuse les inégalités sociales

Publié le 16/10/2014
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Pourtant, il ne faut pas présenter la France comme un « mauvais élève », comme le montrent les résultats du Baromètre Européen de la Contraception présentés par le Dr Elisabeth Aubény, présidente de l’AFC. En effet, cette enquête menée en 2012 dans 10 pays européens par le planning familial (et financée par Bayer) montre que notre pays ne se comporte pas si mal si on le compare à 3 pays ayant un niveau de vie équivalent (Allemagne, Pays-Bas et Suède).

On constate qu’une politique nationale contraceptive existe dans tous ces pays, sauf la Suède, et que cette politique est régulièrement évaluée. Le seul point faible de la France est le peu d’implication des représentants des acteurs de santé dans l’élaboration et le suivi de cette politique. Dans les quatre pays, on observe une bonne connaissance de la contraception, grâce notamment à des campagnes officielles qui s’avèrent efficaces.

L’éducation sexuelle est obligatoire à l’école mais à ce niveau la France peut mieux faire : absence de matériel standardisé, grande variabilité entre établissements, absence d’évaluation réelle. La formation initiale et continue des professionnels de santé apparaît variable et généralement succincte, moindre que dans les autres pays. Autre point faible de notre pays, la formation à une écoute individualisée.

Par contre, la France est bien placée pour le remboursement des contraceptifs, notamment chez les jeunes ; surtout, c’est le seul pays qui rembourse certains contraceptifs aux plus de 21 ans. En outre, la France a publié des recommandations pour les jeunes socialement défavorisés (la Hollande et la Suède sont allées plus loin en créant des maisons des jeunes). Enfin la France est en tête devant la Suède pour l’autonomisation des femmes (80 %), celle-ci passant par l’accès à la contraception moderne.

Les effets du recul de la contraception orale

Mais le plus important est sans doute l’évolution décrite par Nathalie Bajos, avec un déclin marqué de la CO qui a commencé bien avant la crise des pilules de 3e et 4e générations, si bien qu’entre 2000 et 2013, un quart des femmes ont abandonné ce moyen contraceptif, le mouvement étant particulièrement net chez les moins de 30 ans.

Ce mouvement n’a pas profité au stérilet, avec un pourcentage stable d’utilisatrices en 2000 et 2013 ; en particulier le taux reste très faible chez les jeunes, en raison des croyances dans ce domaine. Ainsi 54 % des femmes, 66 % des gynécologues et 80 % des généralistes pensent qu’il est contre-indiqué chez la nullipare.

Nathalie Bajos insiste sur le fait qu’on voit se réinstaller une inégalité entre les classes sociales, les non-diplômées remplaçant beaucoup plus souvent la pilule par des méthodes naturelles qui ont montré leurs limites, alors que les diplômées privilégient les méthodes éprouvées (pilule de seconde génération, stérilet).

Une évolution préoccupante quand on sait que deux tiers des IVG sont liées à des échecs de la contraception, alors que notre pays n’a déjà pas de bons résultats dans ce domaine (14,3 IVG pour 1000 femmes, contre 7,2 en Allemagne et 8,5 aux Pays-Bas).

(1) Conférence de presse organisée par Bayer HealthCare

Dr Alain Marié

Source : Le Quotidien du Médecin: 9357