DANS L’ATTENTE de recommandation officielle, le dépistage gynécologique après l’âge de 75 ans est laissé au jugement de chaque médecin. « L’intérêt à dépister un cancer du sein est à mettre en balance avec l’espérance de vie, explique au " Quotidien " le Dr Isabelle Pagniez, gynécologue lilloise à l’hôpital Jeanne de Flandre, et assurant une consultation à l’hôpital gériatrique des Bâteliers. Si la patiente âgée est autonome, la surveillance par mammographie peut continuer au rythme d’un examen radiologique tous les deux ans jusque l’âge de 85 ans. Pour le cancer du col de l’utérus, recommandé tous les 3 ans jusque 65 ans, les choses sont différentes. Après 75 ans, il semble raisonnable de ne pas poursuivre le dépistage. Même constat, entre 65 et 75 ans, dans les cas où les frottis cervico-vaginaux (FCV) étaient normaux jusqu’alors et en l’absence de changement de partenaire. En revanche, en l’absence de suivi régulier avant 75 ans, il est utile de réaliser au moins un FCV initial ».
Quel que soit l’âge et quel que soit le niveau de dépendance, la survenue de métrorragies doit toujours alerter et faire demander des explorations complémentaires à la recherche d’un cancer de l’endomètre en premier lieu, mais également des ovaires ou des trompes. Si une biopsie de l’endomètre en consultation à l’aide d’une pipelle de Cornier permet d’identifier un adénocarcinome dans 50 % des cas, un curetage sous hystéroscopie reste souvent nécessaire. Quant à l’échographie pelvienne, la mauvaise échogénicité chez les sujets âgés ne permet pas la plupart du temps d’évaluer correctement l’épaisseur de l’endomètre et justifie de compléter le bilan par une IRM, qui permet de plus de rechercher un envahissement du myomètre et de mieux étudier les annexes.
Dystrophie vulvaire.
« Un prurit vulvaire chez une femme âgée doit éveiller l’attention, insiste le Dr Pagniez. S’il ne disparaît pas après un traitement antimycotique d’épreuve, l’examen clinique est indispensable à la recherche d’une dystrophie vulvaire, malgré la pudeur de la patiente et du praticien. Les mycoses, hormis en cas de diabète ou en post-antibiothérapie, ne sont pas très fréquentes à cet âge, pas davantage que les vaginites infectieuses. Il est inutile à cet âge de demander un prélèvement vaginal. »
La dystrophie vulvaire fait en effet le lit du cancer, ce qui justifie une surveillance à vie tous les six mois. Si le risque de cancer sur dystrophie est inférieur à 4 %, on retrouve une dystrophie ignorée ou mal traitée dans 60 % des cancers de la vulve. Comment la reconnaître ? Contrairement à l’atrophie vulvaire qui ne gratte pas, la dystrophie associe un prurit à des lésions caractéristiques scléro-atrophiques d’aspect blanchâtre. Il peut exister des synéchies avec disparition du clitoris et des petites lèvres, voire sténose de l’hymen. La prescription de dermocorticoïdes de classe I (Dermoval) permet de diminuer les lésions sans les faire disparaître complètement. « Si la dystrophie ne diminue pas au bout de 2-3 mois, il faut avoir la biopsie facile, souligne le Dr Pagniez. Découvert tôt, un petit cancer est traité par laser ou vulvectomie partielle, ce qui permet d’éviter les conséquences atroces d’une vulvectomie totale. »
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