LA STÉRILISATION TUBAIRE à visée contraceptive a été autorisée dans notre pays par la loi du 4 juillet 2001. Selon le législateur, « elle ne peut être pratiquée que si la personne majeure intéressée a exprimé une volonté libre, motivée et délibérée en considération d'une information claire et complète sur ses conséquences […] à l’issue d’un délai de réflexion de quatre mois après la première consultation médicale et après une confirmation écrite par la personne concernée de sa volonté de subir une intervention » (1). La loi est assortie d’une clause de conscience : « Un médecin n'est jamais tenu de pratiquer cet acte à visée contraceptive, mais il doit informer l'intéressée de son refus dès la première consultation ». Avant sa promulgation, la pratique de stérilisation tubaire était tolérée, rappelle le Dr Villefranque, mais avec des risques médicolégaux en cas de complications qui avaient été à l’origine de refus notamment de la part des anesthésistes.
Hors du bloc opératoire.
La mise au point de la stérilisation tubaire hystéroscopique par le système Essure a changé les pratiques dans ce domaine. Elle consiste à insérer un micro-implant dans la partie proximale des trompes sous contrôle hystéroscopique. « Peu invasive, cette technique irréversible peut être réalisée dans des cabinets de consultation dédiés à l’hystéroscopie », indique le Dr Villefranque.
L’intervention dure généralement moins de 5 minutes, avec une douleur opératoire comparable à celle de la pose d’un stérilet, évaluée à 2,8 en moyenne sur l’échelle visuelle analogique (EVA). Le bon positionnement de l’implant est vérifié lors d’un contrôle après trois mois par un abdomen sans préparation (ASP) suivi, en cas de doute, d’une hystérosalpingographie. « Les centres à forte activité associent une échographie à l’ASP, fait remarquer le Dr Villefranque. « La prise d’une contraception est obligatoire jusqu’au contrôle ».
Cette technique a reçu l’approbation de la FDA en novembre 2002. En France, la première équipe à l’avoir utilisée est celle du Pr Patrice Lopès (CHU de Nantes) en février de la même année.
Un taux de succès élevé.
Dans une série de plus de 600 patientes, le taux de succès de pose a été de 97 %. « Les échecs peuvent être liés à la présence d’anomalies anatomiques ou d’autres pathologies des trompes », explique le Dr Villefranque. Le taux de complications est très faible : 3 cas de migration intra-abdominale de l’implant et 3 cas d’expulsion dans la cavité utérine dans cette série. Deux patientes ont présenté des douleurs alors que l’implant était parfaitement en place, « probablement dû à un effet irritatif ». Au total, sept clioscopies ont dû être pratiquées pour une complication ou un effet indésirable. Le taux de grossesse, variable selon les séries, avoisine 1 % ; un chiffre superposable à celui observé avec les autres techniques. « Les grossesses sont dues en général à la non réalisation ou à un mauvais contrôle à trois mois ».
Contrairement à la stérilisation tubaire par voie clioscopique, qui nécessite une anesthésie générale et un arrêt de travail d’une semaine, la procédure sous contrôle hystéroscopique peut être pratiquée sous anesthésie locale ou neuroleptanalgésie, voire sans anesthésie avec prémédication par AINS, permettant ainsi une réduction de la morbi-mortalité opératoire et anesthésique ainsi qu’une reprise rapide de l’activité professionnelle.
« Etant donné la faible invasivité du geste, la stérilisation tubaire hystéroscopique représente aujourd’hui un choix de contraception différent pour les femmes autour ou après l’âge de 40 ans », conclut le Dr Villefranque. Dans cette population, la Haute Autorité de santé (HAS) estime même qu’elle peut être proposée comme technique de stérilisation en première intention(2).
*D’après un entretien avec le Dr Vincent Villefranque, centre hospitalier René-Dubos, Pontoise.
(1) Loi N° 2001-588 du 4 juillet 2001 relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception. JO du7 juillet2001.
(2)Haute Autorité de santé. Référentiel de bon usage ESSURE, 31 octobre 2007.
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