LA CONTRACEPTION définitive fait partie de l’ensemble des méthodes de contrôle des naissances qui peuvent être proposées à toute femme majeure ne désirant plus avoir d’enfants, comme le stipule la loi du 4 juillet 2001. Cette stérilisation à visée contraceptive est ainsi autorisée depuis dix ans. Elle reste pourtant mal connue du public, mais aussi du corps médical. Une majorité des médecins participants à un « Rendez-vous du Quotidien » organisé à Lyon ont d’ailleurs reconnu ne pas savoir quelles en sont les conditions et les modalités de réalisation. Quelques participants cependant ont dans leur patientèle des femmes ayant bénéficié de la méthode hystéroscopique, toutes leur ayant confié en être très satisfaites. Et une généraliste lyonnaise explique être venue pour mieux informer ses patientes, mais aussi parce qu’elle-même envisage cette solution.
Sortir du « tout pilule ».
Le tour de table réalisé avant de passer la parole au gynécologue expert montre bien le besoin d’information sur cette méthode mais aussi sur d’autres méthodes contraceptives insuffisamment utilisées. Il faut sortir du « tout pilule », estime le Dr de Saint Hilaire, la consultation de contraception doit balayer toutes les méthodes, ajoute-t-il ; même si on assiste à un développement certain du recours au stérilet, les « long acting réversible contraceptions », ou contraceptifs réversibles de longue durée d’action, entité bien individualisée, ne sont pas suffisamment utilisés. La contraception définitive qui peut être réalisée par méthode hystéroscopique l’est encore moins, alors qu’elle répond parfaitement aux souhaits de certaines femmes.
À qui s’adresse cette méthode ? Théoriquement à toute femme majeure qui en exprime le souhait à condition de respecter une procédure bien définie comprenant une information précise et complète sur ces conséquences irréversibles, un délai de réflexion de 4 mois et une confirmation écrite. En pratique, les motifs exprimés par les patientes qui en font la demande sont d’abord, bien entendu, l’absence de désir d’enfants, ou plus généralement d’autres enfants, chez des femmes ayant passé la quarantaine, mais parfois chez des femmes plus jeunes, mères de plusieurs enfants. Deuxième motif : ne plus renouveler une expérience d’interruption volontaire de grossesse. Troisième motif : ne plus supporter les autres moyens de contraception, qu’il s’agisse d’intolérances réelles ou ressenties, précise le Dr De Saint Hilaire.
Ces difficultés ou contre-indications doivent bien être stipulées dans le dossier, notamment avant 40 ans, si l’on souhaite obtenir le remboursement, non systématique avant cet âge.
Respecter les contre-indications de la contraception hormonale.
Le gynécologue lyonnais rappelle à ce propos les contre-indications de la contraception hormonale, qui concernent aussi bien la pilule que les patchs ou les anneaux. Outre les antécédents thromboemboliques, il insiste sur le tabagisme et rappelle que ce type de contraception est formellement contre-indiqué chez les femmes de plus de 35 ans qui fument. Il souligne également une contre-indication trop souvent négligée : la migraine. En effet, la migraine avec aura est une contre-indication quel que soit l’âge de la femme, la migraine sans aura est une contre-indication à partir de 35 ans.
En ambulatoire et sans anesthésie
La contraception définitive peut donc être une solution simple pour un certain nombre de femmes. Deux méthodes sont possibles : la ligature des trompes par voie cœlioscopique et la mise en place, par voie hystéroscopique, d’implants qui obturent les trompes (Essure).
Par rapport à la classique ligature des trompes, la méthode hystéroscopique offre un certain nombre d’avantages, explique le Dr Pierre de Saint Hilaire. Elle est réalisée en une dizaine de minutes par les voies naturelles, sans anesthésie (ou sous neuroleptanalgésie), sans cicatrice et sans nécessiter d’arrêt de travail. La voie cœlioscopique se fait quant à elle sous anesthésie générale avec une intubation, avec les risques de complications, certes rares, mais potentiellement graves. Elle impose en outre un arrêt de travail de quelques jours.
La méthode hystéroscopique consiste en la mise en place, dans la partie proximale de chaque trompe, d’un petit implant qui, en induisant une réaction tissulaire et une fibrose, assure l’obstruction de la trompe. La procédure doit être réalisée en première partie du cycle entre le 5e et le 10e jour. Elle est responsable d’une douleur que les femmes comparent généralement à des règles douloureuses. Des échecs de pose sont possibles, représentant environ 1cas sur 20.
L’effet contraceptif n’étant pas immédiat, une autre méthode contraceptive doit être prise pendant les trois premiers mois suivant l’intervention et l’efficacité de la méthode doit être confirmée à la fin du 3e mois par une radiographie de l’abdomen sans préparation ou par une échographie, voire par une hystérosalpingographie en cas de doute. Ce contrôle est indispensable, il faut bien en informer les patientes, souligne le Dr de Saint Hilaire.
La méthode de référence.
Selon la Haute Autorité de santé (HAS), la méthode hystéroscopique doit être le premier choix quand une contraception définitive est décidée. Reste donc à appliquer la loi : tout d’abord informer les femmes de cette option, qui fait partie de l’ensemble des moyens contraceptifs. C’est le rôle de tout praticien amené à prescrire une contraception. Il faut savoir l’évoquer et l’expliquer, en particulier chez les femmes de la quarantaine qui ne veulent plus d’enfants et qui ne « supportent plus » leur méthode de contraception, souligne le Dr de Saint Hilaire.
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