« Notre recherche montre que les bactéries intestinales jouent un rôle dans l’asthme, mais ceci durant une période précoce de la vie, lorsque le système immunitaire du bébé se met en place », explique le Dr Brett Finlay, chercheur à l’université de la Colombie-Britannique (UCB), à Vancouver.
Le Dr Stuart Turvey, pédiatre à l’UCB, ajoute pour sa part que « cette découverte ouvre des voies potentielles pour prévenir l’asthme. Il existe une courte fenêtre thérapeutique, peut-être de 100 jours, pour mettre en place chez les bébés des interventions thérapeutiques visant à protéger contre l’asthme ».
Pour ces travaux, les chercheurs ont analysé le microbiote intestinal de 319 nourrissons, enrôlés dans une étude longitudinale canadienne (CHILD : Canadian healthy infant longitudinal development). Ils ont examiné les selles de ces enfants aux âges de trois mois et un an.
Un risque 20 fois supérieur
Les enfants qui présentaient un sifflement et une atopie à l’âge d’un an (dit « groupe SA », n = 22 cas), considérés dès lors comme à haut risque asthmatique, ont été comparés aux enfants sans symptômes (n = 74 témoins) ou n’ayant qu’un sifflement (dit « groupe S », n = 136 S) ou une atopie (dit « groupe A », n = 87 A).
Les enfants du groupe SA avaient en effet un risque d’asthme à trois ans nettement supérieur comparé aux témoins (20 fois plus), et par rapport aux enfants des groupes S ou A (quatre à six fois plus). De même, leur risque d’avoir un API positif (Asthma Predictive index) à trois ans – indiquant 77 % de risque d’être asthmatique à l’âge scolaire – était bien plus élevé comparé aux témoins (14 fois plus) ou aux groupes S ou A (cinq à six fois plus).
La comparaison des selles révèle que les nourrissons à haut risque asthmatique (groupe SA) présentent, à trois mois, une dysbiose caractérisée par un déficit de quatre genres bactériens (Faecalibacterium, Lachnospira, Rothia et Veillonella).
À l’âge d’un an, ces différences sont moins apparentes, ce qui suggère que le microbiote durant les premiers mois de la vie pourrait être un déterminant crucial du risque asthmatique. Un taux urinaire d’urobilinogène élevé apparaît constituer un marqueur de cette dysbiose.
Échantillon fécal
Pour confirmer leur rôle protecteur, les chercheurs ont restauré ces quatre bactéries dans un échantillon fécal d’un enfant de 3 mois à risque asthmatique. Ils ont inoculé la suspension - avec ou sans restauration des quatre bactéries - à des souris et ont étudié leurs bébés souriceaux (génération F1) ainsi colonisés avec le microbiote humanisé. Cette expérience montre que la colonisation thérapeutique réduit considérablement l’inflammation bronchique dans un modèle d’asthme induit chez ces souriceaux.
Ces résultats, qui doivent être confirmés sur un plus grand nombre d’enfants, « suggèrent de nouvelles pistes pour de futurs diagnostics et thérapies, peut-être sous la forme de probiotiques, afin de prévenir le développement de l’asthme et d’autres affections allergiques chez les enfants », estiment les auteurs.
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