Les vaccins en cours de développement contre Ebola, ChAd3-EBO-Z et rVSVΔ-ZEBOV-GP, pourront être expérimentés lors de prochains épisodes épidémiques, selon les résultats publiés mercredi dans le « New England Journal of Medicine ».
L'évaluation de tels vaccins se heurte à un obstacle pratique : les flambées épidémiques causées par ce filovirus sont rares, imprévisibles, intenses et souvent brèves. La virulence exceptionnelle du virus Ebola interdit en outre que l'on puisse vérifier l'efficacité d'un vaccin en exposant des volontaires vaccinés à un risque d'infection.
Les chercheurs américains de l'étude PREVAIL (qui avait déjà montré l'intérêt de l'anticorps monoclonal Zmapp) en ont fait l'expérience. En 2014, ils ont en effet commencé un essai randomisé de phase 3 au Liberia sur les deux candidats vaccins ChAd3-EBO-Z et rVSVΔ-ZEBOV-GP1. À cette époque, l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest est encore d'actualité, mais la baisse rapide du nombre de cas a obligé les chercheurs à arrêter l'essai de phase 3 et à se concentrer sur celui de phase 2 lancé en simultané. Les résultats de cette étude de phase 2 font l'objet de la publication du « New England ».
Une immunogénicité qui se maintient à un an
En tout, 1 500 adultes, dont un tiers de femmes, ont été recrutés, répartis en 3 groupes de 500 volontaires : un groupe ChAd3-EBO-Z, un groupe rVSVΔ-ZEBOV-GP et un groupe placebo. Au cours du mois qui a suivi l'injection, une production d'anticorps dirigés contre le virus Ebola a été notée chez 70,8 % des membres du groupe ChAd3-EBO-Z et chez 83,7 % de ceux du groupe rVSVΔ-ZEBOV-GP, contre 2,8 % des membres du groupe placebo. Au bout d'un an, le niveau de réponse immunitaire reste élevé chez les volontaires vaccinés : 63,5 % dans le groupe ChAd3-EBO-Z et 79,5 % dans le groupe rVSVΔ-ZEBOV-GP.
Les effets indésirables étaient plus nombreux chez les patients vaccinés, quel que soit le vaccin. Des réactions au niveau du site d'injection ont été observées chez 28,5 % des patients vaccinés par le ChAd3-EBO-Z, et 30,9 % de ceux ayant reçu le rVSVΔ-ZEBOV-GP, contre 6,8 % de ceux du groupe placebo. Une part importante de volontaires ont rapporté des céphalées, des douleurs musculaires, de fièvre et de fatigue.
Moins de paludisme
Au bout d'un an de suivi, les événements indésirables graves avaient été notés chez 40 participants (8 %) du groupe ChAd3-EBO-Z, chez 47 patients (9,4 %) du groupe rVSVΔ-ZEBOV-GP et chez 59 patients (11,8 %) du groupe placebo. Il n'y avait donc pas de différence significative entre ces 3 groupes. Les taux de survenue de problèmes ostéoarticulaires n'étaient pas significativement différents dans les 3 groupes. Les auteurs n'ont pas observé les cas d'arthrite signalés lors de l'étude de phase 1 du rVSVΔ-ZEBOV-GP menée sur des volontaires à Genève.
Une observation inattendue a été de constater une moindre prévalence du paludisme dans les deux bras vaccinés, comparés au placebo, sur une année. « Un tel effet hors cible d'un vaccin qui améliore l'immunité contre un antigène dont il n'est pas spécifique avait déjà été observé avec certains vaccins pédiatriques », rappellent les auteurs, qui ajoutent qu’« une étude récente tend à montrer que le pronostic d'un patient infecté par le virus Ebola est meilleur en cas de coïnfection par le Plasmodium. »
1 Le ChAd3-EBO-Z est un vaccin basé sur l'adénovirus du chimpanzé, développé par GlaxoSmithKline. Le rVSVΔ-ZEBOV-GP a été mis au point à partir du virus de la stomatite vésiculaire par l'agence de santé publique du Canada qui a confié à Merck le soin de le développer et de le commercialiser, après avoir rompu un premier contrat avec NewLink Genetics.
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