Le congrès annuel de la société internationale sur le sida (IAS) a débuté ce mercredi 27 janvier, avec la communication de résultats encourageants concernant trois approches de prophylaxie pré-exposition PrEP plus simples que celle actuellement basée sur la prise d'un comprimé par jour de Truvada. Ces études portent sur l'utilisation d'anticorps neutralisants, d'un antirétroviral injectable et d'un traitement oral en prise unique une fois par mois.
Selon les résultats intérimaires de deux études conduites par les instituts nationaux américains de la santé (NIH), un anticorps neutralisant à large spectre (bNAb) injecté toutes les semaines peut prévenir l'infection de certaines souches de VIH. Menées par le Dr Lawrence Corey du centre de recherche sur le cancer Fred Hutchinson (Seattle), ces études ont porté sur le VRC01, dirigé contre le site de fixation aux lymphocytes CD4 situés à la surface du VIH.
Les chercheurs ont recruté des hommes et des transgenres américains et suisses ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes dans la première étude (HVTN 704/HPTN 085), et des femmes hétérosexuelles d'Afrique sud-saharienne et sud-américaines dans la seconde (HVTN 703/HPTN 081). Ces deux études de phase 2b ont été lancées en 2016, six ans après l'isolement et le clonage du VRC01 dans le sang d'un patient.
Les 4 600 volontaires, répartis en trois groupes, ont reçu dix injections intraveineuses sur une période de 80 semaines (une toutes les huit semaines). Le premier groupe a reçu 10 mg/kg de VRC01, le deuxième 30 mg/kg, et le troisième un placebo.
Une efficacité encore partielle
Une analyse sanguine a été régulièrement réalisée pour chaque participant. Les auteurs ont constaté que toutes les souches de VIH n'étaient pas sensibles au VRC01. Chez les patients exposés à des souches sensibles, la protection était de 75 %, avec une incidence de 0,2/100 personnes-années chez les personnes traitées contre 0,86/100 dans le groupe placebo.
En revanche, le VRC01 ne prévenait pas l'infection par les souches non sensibles au VRC01. On estime que 70 % des souches ne sont pas sensibles à l'anticorps neutralisant VRC01. Ce dernier n'est donc pas à même de protéger contre l'infection par le VIH en général. « Ces observations suggèrent qu'il faudra plus d'un seul type d'anticorps neutralisant pour offrir une protection efficace contre une large variété de souches de VIH », conclut le Dr Corey.
La PrEP en une prise orale mensuelle
Parvenir à prévenir l'infection par le VIH dans des populations cibles à l'aide d'un traitement oral pris une fois par mois constituerait un avantage décisif dans la lutte conte l'épidémie. Évalué dans une étude de phase 2a, l'islatravir pourrait jouer ce rôle.
Cet inhibiteur nucléosidique de la transcriptase inverse a été expérimenté chez 250 participants adultes à faible risque de contracter le VIH. Ces derniers ont été répartis entre un groupe recevant 60 mg d'islatravir, un autre en recevant 120 mg et un groupe placebo.
Le Pr Sharon Hillier de l'institut de recherche Magee-Womens à Pittsburgh a présenté les résultats intermédiaires sur les 192 premiers volontaires inclus dans l'étude. Les taux sanguins d'islatravir de la totalité des participants étaient au-dessus du seuil de 0,05 pmol d'islatravir, au-delà duquel les chercheurs estiment qu'il existe théoriquement une protection contre l'infection par le VIH. Ces résultats sont à confirmer par deux études de phase 3 qui seront lancées au cours de l'année 2021.
La cabotégravir injectable confirmé
Les chercheurs de l'université de Witwatersrand (Afrique du Sud) ont quant à eux communiqué les données finales de l'utilisation du cabotégravir injectable à longue durée d'action dans la PrEP à destination des femmes hétérosexuelles. En décembre 2020, l'essai randomisé HPTN 084 avait été arrêté sur la base de très bons résultats préliminaires.
Sur les 3 224 femme HIV-négatives incluses, seulement 40 infections par le VIH ont été constatées, dont quatre dans le groupe sous cabotégravir et 36 dans le groupe sous Truvada. Les données de sécurités étaient bonnes : les effets secondaires liés à l'injection de carbotégravir étaient limités et locorégionaux. Aucune malformation congénitale n'était relevée parmi les enfants issus de grossesses survenues au cours du suivi. Les incidences des chlamydioses et des gonorrhées étaient identiques dans les deux groupes.
« Le Covid-19 a perturbé la recherche sur le sida dans le monde, aussi il est particulièrement excitant de constater ces nouveaux progrès, a déclaré le président de l'IAS, Adeeba Kamarulzaman, en ouverture du congrès. Ces avancées nous rapprochent de nouveaux outils qui vont significativement renforcer notre arsenal. »
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