Parmi les patients atteints de Covid-19 hospitalisés en unités de soins intensifs (USI), entre 10 à 15 % développeraient une aspergillose pulmonaire, selon une étude observationnelle publiée dans « Emerging Infectious Diseases ».
« Les cliniciens doivent être conscients de l’aspergillose pulmonaire associée au Covid et du fait que les facteurs sous-jacents, comme la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), les médicaments immunosuppresseurs autres que les corticostéroïdes et le VIH/sida, peuvent augmenter le risque », résument les auteurs.
Plusieurs études ont déjà tenté d’évaluer l’incidence de l’aspergillose pulmonaire et ont donné des estimations allant de 3,8 à 33,3 % selon les définitions retenues, rendant complexe un travail de comparaison. Pour cette étude, les auteurs se sont appuyés sur la définition de l’aspergillose associée au Covid proposée par la Confédération européenne de mycologie médicale (ECMM) et la Société internationale de mycologie humaine et animale (ISHAM) et détaillée dans « The Lancet Infectious Diseases », en décembre 2020.
À partir de cette définition, qui combine les facteurs de susceptibilité de l'individu, des données cliniques (dont l'imagerie) et mycologiques, les chercheurs ont scruté les données de deux cohortes. La première a inclus 519 patients admis en USI aux Pays-Bas et en Belgique (âge médian de 64 ans, 73 % d’hommes et 82 % ayant nécessité une ventilation mécanique invasive). Parmi eux, l’incidence de l’aspergillose s’élevait à 15 %.
L'utilisation de corticoïdes, quels que soient la dose et le moment (avant ou pendant l'admission en soins intensifs), n'était pas plus fréquente parmi les patients concernés, contrairement aux autres médicaments immunosuppresseurs.
Des taux de mortalité plus élevés chez les patients avec aspergillose
La BPCO et le VIH/sida en revanche étaient plus fréquents chez les patients développant une aspergillose. Ces pathologies et l'utilisation d'autres médicaments immunosuppresseurs avant l'admission en soins intensifs étaient ainsi associées à une aspergillose pulmonaire associée au Covid.
Par ailleurs, les taux de mortalité étaient significativement plus élevés chez les patients atteints d’aspergillose pulmonaire (52 % versus 34 %). Mais après ajustement, l’aspergillose pulmonaire n'était pas associée de manière indépendante aux taux de mortalité en soins intensifs, tandis que l'âge avancé et les lésions rénales aiguës pendant le séjour en soins intensifs l'étaient.
La seconde cohorte a inclus 304 patients (âge médian de 63 ans, 25 % d’hommes et 76 % ayant eu besoin d'une ventilation mécanique invasive). Parmi les patients présentant des facteurs de susceptibilité à l’aspergillose pulmonaire, l’incidence était de 13 % contre 10 % chez ceux sans ces facteurs.
Dans cette cohorte également, l'utilisation de corticostéroïdes avant ou pendant l'admission en soins intensifs ou d'autres médicaments immunosuppresseurs avant l'admission en soins intensifs n'était pas associée à l’aspergillose pulmonaire. Et les taux de mortalité en soins intensifs étaient plus élevés parmi les patients atteints d’aspergillose (43 % contre 25 %). Comme pour la première cohorte, l’aspergillose n'était pas associée au décès contrairement à l'âge et les lésions rénales aiguës.
Leurs résultats concordent avec ceux d’autres publications, et notamment celle d’une équipe française publiée dans « Clinical Microbiology and Infection ». Les auteurs concluent également que l’aspergillose pulmonaire est une « complication relativement fréquente chez les patients Covid-19 sévères et est responsable d'une mortalité accrue ». Selon eux, « l'azithromycine, connue pour avoir des propriétés immunomodulatrices, peut contribuer à augmenter la sensibilité des patients Covid-19 à l’aspergillose pulmonaire ».
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