La vie humaine a-t-elle moins de valeur dans les Services de Soins de Suite et de Rééducation (SSR) que dans les EHPAD ? Nombre de sujets âgés ou handicapés se trouvent hospitalisés en SSR. Ces services hébergent des sujets handicapés, âgés, fragiles et souvent atteints de pathologies cardiaques ou respiratoires. Certains sont en attente d’entrée en EHPAD.
La prévention et la santé publique étaient mon credo (je suis médecin retraitée après avoir exercé dans le domaine médico-social). Depuis la crise du Covid, je mesure les risques de dérive éthique dans ces domaines. Je découvre avec stupeur que les fiches établissements SSR du ministère des Solidarités et de la Santé du 24 mars et du 10 avril 2020 prévoient l’accueil de patients Covid par les SSR.
À la sortie du premier texte, les masques et les vêtements de protection ainsi que les tests manquaient particulièrement dans ces établissements. Les mesures d’isolation préconisées par cette fiche ministérielle restent imprécises et ne s’adaptent pas au terrain, sachant notamment que les soins pour les handicapés exigent un corps à corps constant. Leurs soignants risquent de contribuer à l’extension de l’épidémie.
Il me semble que d’autres hébergements regroupant entre eux les patients en convalescence de Covid ou modérément infectés pourraient être recherchés. J’ai lu récemment dans votre journal du 31 mars 2020 la phrase du Dr Joseph Lewnard de l’université de Californie, publiée dans son éditorial attaché à la modélisation de Singapour et figurant dans votre article sur les mesures de confinement et leurs risques : « des politiques pour prévenir ces risques sont nécessaires de façon urgente. Une attention particulière devrait être apportée à la protection des populations vulnérables, comme les sans-abri, les individus incarcérés, âgés ou handicapés, ainsi que les migrants. »
Il est urgent que les autorités corrigent, avant la fin du confinement, les erreurs commises en début d’épidémie dans un contexte d’urgence et de manque de moyens.
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