Selon le dernier avis du conseil scientifique réuni par le ministère des Solidarités et de la Santé pour appuyer les décisions gouvernementales en matière de lutte contre l'épidémie de Covid-19, un éventuel déconfinement interviendra longtemps après le pic de l'épidémie.
Le comité dresse en effet la liste de plusieurs conditions à rassembler à commencer par des enquêtes séro-épidémiologiques de terrain pour déterminer le taux de pénétration du virus SARS-CoV-2 dans différents territoires. En outre, le déconfinement ne pourra intervenir qu'une fois que les services hospitaliers auront récupéré un semblant de fonctionnement normal. « Avant d’envisager une sortie du confinement, le gouvernement devra s’assurer que l’objectif de l’intervention (soulager les services d'urgence et de réanimation) est atteint », jugent les auteurs.
Laisser souffler l'hôpital
Cela signifie que la saturation des services de réanimation aura non seulement dû être jugulée, mais de plus, que les équipes de soignants auront également eu une période suffisante pour « récupérer de l’effort considérable fourni pendant les semaines qui viennent de s’écouler, tandis que les stocks de matériel, traitements spécifiques à la réanimation, et équipement de protection devront être reconstitués ».
Cette condition implique un temps de latence entre l'amorce de la réduction du nombre d'hospitalisations, et la décision d'un déconfinement. « Idéalement, cette réduction devra être suffisamment importante pour que la détection des nouveaux cas de façon systématique redevienne possible », insistent les experts. Enfin, le gouvernement devra s’assurer que les éléments d’une stratégie post-confinement seront opérationnels.
Ces éléments incluent le choix des mesures de distanciation sociale à maintenir, la disponibilité des gels hydroalcooliques et des masques à l’usage des personnels soignants, des personnes en situation d’exposition au virus en priorité, puis à l’ensemble de la population, comme en Asie, ainsi qu'un système de surveillance épidémiologique opérationnel. Le comité réclame en outre de nouveaux outils numériques permettant de renforcer l’efficacité du contrôle sanitaire de l’épidémie.
« Le Conseil scientifique tient à clarifier que la sortie du confinement ne signifie pas que toutes les mesures de contrôle contre Covid-19 seront levées, peut-on lire dans l'avis. La sortie du confinement vise à remplacer le confinement par des stratégies de contrôle de l’épidémie plus facilement supportables et moins coûteuses pour la société française. »
Des admissions qui se stabilisent
Les membres du conseil scientifique dressent un tableau contrasté de la situation épidémiologique en France. Au 30 mars 2020, 1 718 actes médicaux pour suspicion de Covid-19 ont été enregistrés par SOS Médecins. Des chiffres stables depuis le 21 mars, bien que représentant une augmentation de 75 % par rapport à ceux de la semaine précédente. Le nombre de passages aux urgences, selon les données OSCOUR, a été de 4 390 le 30 mars, dont 38 % ont été hospitalisés et 2 % sont passés en réanimation. Là encore, les chiffres sont stables depuis le 23 mars, et deux fois supérieurs à ceux de la semaine précédente.
La région Ile-de-France est maintenant sous extrême tension, mais certaines régions sont encore relativement épargnées. « Les patients atteints de Covid-19 présentent des formes sévères associant des atteintes inflammatoires pulmonaires, cardiaques et neurologiques nécessitant des réanimations prolongées pouvant durer trois semaines (15 jours en moyenne en comptant les décès). Il faut donc s’attendre à ce que la situation dans les services de réanimation des régions les plus touchées ne s’améliore qu’avec retard », estiment les membres du comité.
La décision de lever, partiellement ou non, le confinement dépend aussi de critères sociaux et économiques. Le comité scientifique souligne « l’intérêt de disposer d’indicateurs sociaux du confinement », et suggère la création d'un « observatoire indépendant associant des contributions publiques, privées et citoyennes », pour traiter précisément cette question.
Revoir la stratégie de test
Dans son avis, le comité scientifique presse le gouvernement de modifier sa stratégie de dépistage du Covid-19, en assurant un dépistage RT-PCR élargi des personnels soignants au contact des populations fragiles en ville, en assurant une prise en charge complète et exhaustive des suspicions d’infection dans les EHPAD et en combinant diagnostic par RT-PCR et sérologique des malades et des contacts, tant chez les personnels que les résidents. De plus, le comité estime que le dépistage exhaustif qu'il demande pour les EHPAD devrait également être appliqué aux prisons et autres établissements fermés.
Le comité préconise la réalisation d'enquêtes séro-épidémiologiques de terrain à l’aide de plateaux de sérodiagnostic à haut débit pour déterminer par la mesure de la séroprévalence le taux de pénétration du virus SARS-CoV-2 dans différents territoires. Cette dernière préconisation est essentielle pour permettre une phase de déconfinement.
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