Les chercheurs de l'AP-HP n'ont plus beaucoup de temps pour trouver les 4 400 volontaires qui participeront, ce samedi 26 juin, à l'expérience ITOC (Indoor clubbing Transmission Of Covid-19) promue par l’ANRS-Maladies infectieuses émergentes. Le but de l'expérience est d'évaluer le risque de transmission du Covid-19 entre personnes vaccinées non masquées dans une boîte de nuit.
Les volontaires doivent s'inscrire sur le site revienslanuit.org, et y vérifier leur éligibilité pour espérer bénéficier d'une programmation alléchante : Laurent Garnier, Étienne De Crécy, Pedro Winter... Le principal défi pour les chercheurs est de trouver suffisamment de volontaires ayant bénéficié d'un schéma vaccinal complet, sans aucune comorbidité. « Il y a 400 000 personnes dans cette situation en Île-de-France, rassure la Dr Jeanne Goupil du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Avicenne (AP-HP), co-investigatrice du projet. Nous allons notamment faire appel aux étudiants en médecine qui ont tous été vaccinés. »
Une étude randomisée
« Le protocole sanitaire sera strict », insiste le Dr Liem Binh Luong Nguyen, médecin et chercheur au sein du CIC Cochin-Pasteur. Les participants devront tous être majeurs et vaccinés complètement*. Ils seront randomisés dans deux groupes de même taille : le premier ira faire la fête entre 23 heures et 6 heures du matin au Cabaret sauvage ou à la Machine du Moulin-Rouge, les deux établissements qui accueilleront l'événement, et le second aura pour consigne de rester à la maison.
Tous bénéficieront d'un test PCR sur prélèvement salivaire avant la soirée, et d'un autre sept jours après. C'est en mesurant les taux de positivité avant et après la soirée dans les deux groupes que les chercheurs auront une idée plus précise de la transmission du virus dans des soirées de clubbing à jauge pleine, sans masque et dans le contexte d'une population massivement vaccinée. Le projet « ITOC - Reviens la nuit », qui a reçu le label « priorité nationale de recherche » par le comité interministériel CAPNET, est le premier à évaluer ce type de conditions.
Ce travail s'inscrit dans la continuité du concert test « Ambition Live Again » qui a eu lieu le 29 mai dernier. Il fait aussi partie d'une vague mondiale d'événements tests du même acabit.
« Lors du déconfinement, on s'est rendu compte que les boîtes de nuit étaient les grandes oubliées du déconfinement, et qu'il n'y avait pas grand-chose dans la littérature, constate le Dr Jérémy Zeggagh du service de maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Cochin, investigateur-coordinateur du projet ITOC. Nous sommes déjà sollicités par plusieurs pays qui n'ont pas encore ouvert leurs discothèques pour que nous partagions nos futures données avec eux. »
Réouverture des discothèques le 9 juillet
Le 9 juillet prochain, les boîtes de nuit rouvriront en France avec une jauge d'occupation maximale de 75 % et le recours au pass sanitaire. À cette date, les résultats du projet ITOC ne seront pas encore connus. « Nos résultats seront importants pour guider les étapes suivantes, et il nous faut aussi anticiper une éventuelle 4e vague », précise la Dr Goupil.
Selon le Dr Luong Nguyen, « la circulation du virus est actuellement faible, et il est donc plus difficile de montrer un effet quand l'incidence est basse, concède-t-il. Mais il y a un risque que le vaccin ne fonctionne pas à 100 %. On veut donc savoir s'il y a un risque que des personnes porteuses du virus, avec des virémies basses, transmettent le SARS-CoV-2. C'est pour avoir cette information qu'on n’interdira pas aux personnes positives au premier test de venir. On n'exclura que les personnes symptomatiques. »
* Pour les vaccins Pfizer-BioNTech/AstraZeneca/Moderna : deux doses + délai de 14 jours.
Pour le vaccin Janssen : une dose + délai de 4 semaines.
Chez patient séropositif pour le SARS-CoV-2 ou ayant un antécédent d’infection Covid prouvée : une dose + délai de 14 jours.
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