La question agite tous les foyers français : combien de temps durera le confinement mis en place pour lutter contre la propagation de la maladie Covid 19 ?
Interrogée par nos collègues de France Info, la directrice générale de Santé publique France, le Pr Geneviève Chêne, a estimé que la prolongation du confinement au-delà des 15 jours annoncés « sera très vraisemblablement nécessaire ». Selon la spécialiste en santé publique, il faudra attendre entre 2 et 4 semaines « pour observer un changement dans la dynamique de l'épidémie de coronavirus ». Le fléchissement de la courbe épidémique devrait intervenir « autour de mi-mai/fin mai », a-t-elle indiqué.
« Je suis relativement favorable à ce que des mesures d'exception soient prises, ça ne va pas durer 3 ans, ça va durer quelques semaines, mais il faut tenir », a renchéri sur RFI le Pr Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive et réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny (93), où le président s'est rendu la veille.
La course de fond
Qu'en pensent les épidémiologistes ? Pour le Pr Arnaud Fontanet, directeur du laboratoire « épidémiologie des maladies émergentes », le confinement peut être utiliser de 2 manières : « le "lockdown à la chinoise", qui consiste à interrompre totalement la transmission, ou des mesures de confinement plus légères telles que les nôtres, qui consistent à étaler au maximum dans le temps la survenue des cas pour épargner nos services de santé. » Selon ce chercheur de l'institut Pasteur, la première approche met fin plus rapidement à l'épidémie, mais présente l'inconvénient de ne pas permettre la mise en place d'une immunité de groupe. « Dès que l'on soulève le couvercle, l'épidémie repart de plus belle », prévient-il.
Concernant le cas français, le Pr Arnaud Fontanet estime que les effets sur la dynamique de l'épidémie « ne se verront que dans 2 semaines, c’est-à-dire le temps que l'incubation de toutes les personnes contaminées aujourd'hui soit écoulée. » Comme les autres membres du conseil scientifique, il estime que des mesures de protections seront de toute façon nécessaires pendant plusieurs mois.
Le confinement ne s'arrêtera pas une fois le pic épidémique passé
Enseignant(université Rennes-1) est spécialiste en modélisation des épidémies. « La littérature fait état d'une durée de contagiosité de 11 jours en moyenne, avec une durée maximum de 25 jours, rappelle-t-il. On peut estimer que l'effet du confinement ne s'observera qu'au bout d'une semaine en ce qui concerne le nombre de nouveau cas, et ce n'est qu'ensuite qu'on verra un effet sur le nombre d'hospitalisations puis, pour finir, sur la mortalité. »
Si le confinement réduit les contacts, il ne réduit pas le nombre de personnes susceptibles d'être infectées comme le ferait un vaccin ou une immunité de groupe. L'épidémie est donc partie pour durer. « Les modèles, qui ont été faits sur l'impact de ce confinement, prédisent qu'il serait nécessaire de le maintenir jusqu'à 3 ou 4 mois pour mettre fin à l'épidémie, prévient Pascal Crépey. Mais je doute que la population française puisse maintenir son mode de vie dans ces conditions. Ce qui est probable, c'est que l'on parvienne à un niveau de circulation du virus suffisamment bas et une gestion des cas graves plus faciles pour justifier un assouplissement de règles ».
Pour le chercheur, d'autres mesures pourraient prendre le relais par la suite « comme le retour à la mise en isolation des cas suspects. Il n'est pas impossible qu'on ait besoin de recourir à des mesures de confinement par intermittence : 2 semaines de confinement puis une semaine de relâche pour permettre à la population française de respirer un peu », explique-t-il.
Le taux de reproduction en question
L'ampleur de l'effet du confinement sur l'épidémie est aussi une inconnue. Le taux de reproduction du virus en France reste en effet incertain tant pour des raisons scientifiques (le taux de reproduction de base du virus n'est pas complètement établi) que sociologiques (quelle sera l'observance des sociétés aux mesures de confinement et de distanciation sociale).
« Une demi-douzaine d'études ont été publiées sur ce sujet, explique Pascal Crépey. L'une d’entre elles, basée sur les expériences asiatiques estimait qu'avec une bonne application du suivi des contacts et l'application de quelques mesures barrière, on aurait un taux de réplication estimé à 1,5. Si les mesures de confinement actuelles sont correctement appliquées, on peut se rapprocher de ce scénario et même descendre en dessous de 1 ce qui casserait l'épidémie. Avant le confinement, le taux de réplication devait se situer entre1,5 et 2,25. »
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