Une première enquête a déjà été ouverte à la mi-avril par le parquet de Bergame, la ville qui a payé le tribut le plus lourd à l’épidémie de SARS-CoV-2 avec 3 097 morts et plus de 13 671 cas de contaminations avérées. L’objectif de cette démarche était de comprendre si des erreurs ont été commises au niveau de la gestion de la crise sanitaire en ce qui concerne notamment l’introduction tardive du confinement alors que la situation s’aggravait de jour en jour.
Mercredi matin, les magistrats ont ouvert un nouveau volet judiciaire avec les 49 plaintes déposées contre X par le comité « Nous dénoncerons-Vérité et justice pour les victimes du Covid-19 ». D’ici à la fin du mois, cent autres dossiers seront remis au parquet de Bergame, confie l’avocat du comité, maître Consuelo Locati en ajoutant : « Nous n’accusons personne en particulier, nous avons raconté les faits, à présent, c’est à la justice de trouver les coupables. » Toutefois, ce dépôt collectif indique plusieurs pistes que les magistrats vont maintenant devoir explorer.
Un confinement jugé trop tardif
Les membres du comité reprochent aux institutions régionales et au gouvernement de ne pas avoir agi immédiatement. C’est-à-dire fin février, lorsque deux foyers ont été détectés dans les communes d’Alzano Lombardo et Nembro, situées dans la ceinture de Bergame. Pour le fondateur du comité, Luca Fusco, dont le père est décédé à l’hôpital de Bergame à la mi-mars et dont le corps a été emmené sans que la famille soit avertie, « il aurait fallu immédiatement confiner les deux communes et ne pas attendre le 9 mars lorsque le gouvernement a finalement décidé de placer tout le pays sous cloche, cette tragédie aurait pu être évitée ».
Des responsabilités pointées à différents niveaux
Le 28 mai dernier, les magistrats ont entendu le gouverneur de la Lombardie Attilio Fontana et le conseiller régional délégué à la Santé, Giulio Gallera. Les magistrats ont également interrogé Marco Bonometti, président de la section lombarde de Confindustria, l’équivalent italien du Medef, les patrons locaux étant soupçonnés d’avoir multiplié les pressions sur le gouverneur de la Lombardie pour éviter la création d’une zone rouge qui aurait impacté leurs activités. Devant les magistrats, le gouverneur de la Lombardie et son conseiller régional ont renvoyé la balle au gouvernement. Or, selon un dispositif introduit en 1978, rappelle maître Locati, « les présidents des régions et les maires peuvent adopter des mesures d’urgence au niveau de la santé sans attendre l’autorisation du gouvernement ».
Vendredi matin, les magistrats de Bergame ont interrogé le chef du gouvernement Giuseppe Conte, le ministre de la Santé Roberto Speranza et celui de l’Intérieur, l’ancienne préfète Luciana Lamorgese. Pour comprendre le rôle joué par le gouvernement, plusieurs questions ont été posées au président du Conseil. Qui a-t-il consulté puisque le Conseil scientifique lui avait demandé de créer une zone rouge pour enrayer la multiplication rapide de la contamination dans les deux communes foyers ? Et pourquoi avoir envoyé l’armée sur le terrain si la région de la Lombardie n’avait pas demandé au gouvernement des renforts et l’adoption du confinement ? En filigrane, ils lui ont aussi demandé si une gestion différente aurait permis d’éviter un si grand nombre de morts. D’autres auditions mais aussi d’autres plaintes qui devraient nourrir l’enquête sont attendues.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024