L’infection à cytomégalovirus (CMV), un virus très répandu normalement anodin, peut être sévère chez l’enfant prématuré, en particulier de très petit poids de naissance. Les transfusions sanguines et l’allaitement maternel constituent les deux principales voies de transmission postnatale du CMV chez les prématurés. La stratégie couramment utilisée pour prévenir la transmission de ce virus lors des transfusions consiste à transfuser des produits sanguins CMV-séronégatifs et leuco-réduits (élimination des globules blancs). Une étude publiée dans « JAMA » confirme l’efficacité de cette approche préventive et précise le risque de transmission du CMV par le lait maternel et l’insuffisance des stratégies de congélation pour empêcher son passage.
76 % des mères séropositives
L’étude prospective, conduite dans trois unités de soins intensifs néonatales à Atlanta (États-Unis), a enrôlé dans les 5 jours de la naissance 539 bébés de très petit poids de naissance (‹ 1 500 g), non transfusés, ainsi que les 462 mères. Trois mères sur quatre (76 %) étaient séropositives pour le CMV. Une recherche d’ADN du CMV dans le sang et les urines a été effectuée chez les bébés à la naissance pour évaluer une infection congénitale, puis à 5 reprises pendant 3 mois.
L’étude met en évidence une fréquence élevée d’infection postnatale à CMV chez ces bébés : 7 % (29/539) à 3 mois.
L’infection à CMV chez ces bébés entraîne dans 1 cas sur 6 (5/29) une maladie sévère ou le décès. Alors que 310 bébés (57 %) ont reçu plus de 2 000 transfusions sanguines, les produits sanguins étaient CMV-séronégatifs et leuco-réduits et aucune infection à CMV n’a été liée à la transfusion. De fait, 27 des 28 infections postnatales à CMV sont survenues chez des bébés nourris avec un lait maternel CMV-positif. Les auteurs estiment ainsi que sur 10 bébés nourris au lait maternel CMV-positif, 1 à 2 bébés contracteront l’infection à CMV. « Nous avons établi qu’en utilisant des produits sanguins qui sont CMV-séronégatifs et leuco-réduits, on peut efficacement prévenir la transmission du CMV par transfusion », explique le Dr Cassandra Josephson (Université d’Emory, Atlanta).
Pasteuriser le lait
En revanche, de nouvelles stratégies pour prévenir la transmission du CMV par le lait maternel sont nécessaires, soulignent les auteurs, car le fait de congeler et décongeler le lait maternel n’a pas complètement empêché la transmission.
Ces stratégies pourraient inclure :
1) un dépistage sérologique systématique du CMV chez les femmes enceintes, afin d’offrir un conseil sur le risque d’infection ;
2) une surveillance plus étroite des bébés nés de mères CMV-positives ;
3) une pasteurisation du lait maternel tant que le bébé n’a pas atteint l’âge gestationnel corrigé de 34 semaines.
Enfin, puisque l’on ignore si l’infection postnatale asymptomatique à CMV laisse des séquelles neurologiques à long terme, les auteurs préconisent d’examiner cette question dans des études de suivi.
JAMA 22 septembre 2014, Josephson et coll.
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