Différencier rapidement un cas de paludisme d’un cas de dengue devient plus facile. Une équipe de l’INSERM vient de montrer que les dosages de la protéine C réactive et des plaquettes permettent d’aider à faire la distinction. Des dosages qui peuvent être utilisés en complément des tests de diagnostic rapide capables d’identifier les agents infectieux.
Un patient en région tropicale est atteint d’une forte fièvre assortie de douleurs musculo-articulaires. S’agit-il d’un paludisme ou d’une dengue ? Il n’est pas anodin de faire la différence pour prescrire la prise en charge adaptée. Dans le cas du paludisme, un patient « qui bénéficie d’un traitement précoce adapté ne peut pas, sauf cas exceptionnel, développer une forme sévère de la maladie. » Quant à la dengue, en l’absence de traitement spécifique, une forme très agressive peut se développer, « sans facteur de risque préalable et sans que l’on puisse véritablement le prédire ».
En cas de doute
Des tests de diagnostic rapide existent pour identifier l’agent infectieux. Mais lorsqu’ils ne sont pas disponibles ou en cas de doute, Bernard Carme et son équipe proposent d’utilisation de deux critères biologiques d’usage courant.
Ces scientifiques du Centre hospitalier Andrée Rosemon (Cayenne, Guyane Française), ont analysé différents paramètres cliniques et biologiques chez des patients atteints de paludisme, de dengue, ou coïnfectés. Ils publient leurs résultats dans PLoS Negl Trop Dis.
« Sur le plan clinique, nous observons très peu de différence entre ces différents profils, excepté une fréquence plus élevée de symptômes sévères en cas de coïnfection », soulignent-ils. En revanche sur le plan biologique, la protéine C réactive et les plaquettes sanguines donnent des indications. « Si le taux de CRP est inférieur à 5 mg/L, la probabilité d’être face à un cas de paludisme est de l’ordre de 1/400 dans cette étude, alors qu’il peut s’agir d’une dengue dans 30 à 40 % des cas. De même, en l’absence de thrombopénie, la probabilité d’être face à un cas de paludisme est de moins de 20 %, alors que cette anomalie est fréquente en phase précoce d’une fièvre de dengue », expliquent les spécialistes.
En l’absence de thrombopénie
Ainsi, avec un CRP inférieur à 5 mg/l et en l’absence de thrombopénie, on peut écarter l’hypothèse d’un paludisme. Mais attention : « Il s’agit ici de valeur prédictive négative, donc d’exclusion du diagnostic de paludisme. La valeur prédictive positive, c’est-à-dire d’inclusion, reste quant à elle relativement faible et dépend des contextes épidémiologiques locaux », précise Bernard Carme.
Alors que la dengue est davantage présente dans les villes, avec une incidence galopante à travers le monde, le paludisme est plutôt localisé dans les zones rurales. Néanmoins les zones d’infestation peuvent se chevaucher et les cas de coïnfections ne sont pas exceptionnels, notamment en Amérique, précisent les infectiologues.
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