L’arsenal contre les infections par le virus Ebola est encore incomplet. Des singes infectés par le virus Ebola de la souche Makona ont été guéris à l'aide d'un simple comprimé oral d’obeldésivir, selon une nouvelle étude américaine. Une avancée qui pourrait ouvrir la voie à des traitements plus pratiques et abordables.
Si ces résultats se confirment chez l’homme, ce nouveau traitement représenterait une avancée importante, par rapport aux traitements existants. Les anticorps monoclonaux injectables par voie intraveineuse (1) sont coûteux et peu pratiques, notamment dans les régions les plus pauvres du monde. Deux vaccins (dont Ervebo) existent pour prévenir l’infection par la souche Ebola Zaïre mais il n'en existe actuellement pas contre Ebola-Soudan, responsable d'une épidémie en Ouganda depuis fin janvier. Les chercheurs de l’université du Texas avancent, dans leur étude publiée dans Science Advances, que l’obeldésivir oral a le potentiel pour traiter toutes les souches Ebola des dernières épidémies.
L’obeldésivir est un analogue nucléosidique. Il s’agit de la forme orale du remdésivir, normalement utilisé par voie intraveineuse dans plusieurs infections virales, notamment contre le Covid-19.
Efficace chez deux espèces de singe de référence
Dans un premier temps, les chercheurs ont infecté six singes cynomolgus avec le variant Makona via la conjonctive. Cinq d’entre eux ont reçu de l’obeldésivir en dose orale une fois par jour (100 mg/kg). Le seul animal non traité est décédé au bout de 10 jours après avoir présenté des symptômes caractéristiques de l’infection. En revanche, et bien que tous aient montré des signes plus ou moins sévères de la pathologie, quatre des cinq animaux traités ont survécu.
Les auteurs ont ensuite infecté quatre macaques rhésus pour tester la pathogénicité de la souche Makona sur cette espèce, tous sont décédés entre le 10e et le 13e jour. Sept autres macaques rhésus ont été infectés. Les cinq traités par obeldésivir ont tous survécu, alors que les deux animaux non traités sont morts le 10e et 11e jour.
Si l'expérience repose sur un nombre de singes relativement faible, l'étude reste significative, selon les chercheurs qui mettent en avant les doses massives de virus injectées. Ils indiquent aussi que l’obeldésivir est un antiviral à spectre étendu, agissant contre de nombreux virus à ARN, ce qui laisse entrevoir la possibilité d’une efficacité contre d’autres souches qu’Ebola-Zaïre.
À l’occasion d’une précédente publication, la même équipe avait d’ailleurs démontré qu’une dose orale d’obeldésivir (100 mg/kg) pouvait protéger des macaques rhésus si elle est administrée 24 heures après une exposition au virus Ebola de la souche Soudan. En outre, dans des études in vitro, ce médicament a une activité antivirale dirigée contre Ebola-Zaïre, Ebola-Soudan et Marbourg.
Le fabricant pharmaceutique américain Gilead soumet actuellement l'obeldésivir à des essais cliniques pour le virus de Marburg, qui appartient à la même famille qu'Ebola. Mais Thomas Geisbert, relayé par nos confrères de l’AFP, met en garde contre les coupes budgétaires drastiques prévues par le gouvernement de Donald Trump, rappelant que les traitements et vaccins développés contre Ebola et d'autres virus reposent à 90 % sur des financements publics.
(1) Il s’agit de REGN-EB3 (Inmazeb), un cocktail de trois anticorps monoclonaux (atoltivimab/maftivimab/odésivimab) approuvé par la FDA, l’agence américaine du médicament, en octobre 2020 et de mAb114, un anticorps monoclonal unique (ansuvimab, commercialisé sous le nom d’Ebanga) approuvé en décembre 2020.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024