Le virus Ebola pourrait se propager « comme un feu de forêt » ont estimé les représentants du Centre de contrôle et de prévention des maladies américains (CDC), qui recommandent aux personnes voyageant en Afrique de l’Ouest de prendre un maximum de précaution. Selon Stephan Monroe directeur adjoint du centre national de maladies infectieuses et des zoonoses émergentes, « la probabilité de voir cette épidémie se propager au-delà de l’Afrique de l’Ouest est basse, mais la situation évolue rapidement ». Le CDC craint qu’un voyageur malade ne propage la maladie aux États-Unis. Stephan Monroe poursuit sa métaphore : « Notre inquiétude est que l’épidémie soit ’réensemencée’ ailleurs, comme un feu de forêt peut se répandre en partant d’un seul arbre. » Prenant l’exemple du Liberia, où de nouveaux malades sont réapparus après 21 jours (la période d’incubation maximum) sans cas déclarés, Stephan Monroe estime que les nouveaux cas ont été infectés par des personnes qui ont traversé la frontière, « la réponse à cette épidémie sera plus un marathon qu’un sprint » a-t-il conclu.
La France reste vigilante
En France, plusieurs prélèvements ont été réalisés sur des voyageurs de retour d’Afrique de l’Ouest et présentant des fièvres, mais tous sont revenus négatifs pour la présence de virus Ebola. Selon Sylvain Baize qui dirige le Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales, le patient est très rapidement hors d’état de se déplacer une fois la maladie déclarée. Il y a cependant « une phase asymptomatique qui dure entre 4 et 13 jours pendant laquelle on ne détecte rien », pendant laquelle le patient peut voyager, et le virus avec lui.
Ebola est un virus dont la transmission interhumaine se fait assez mal, principalement par le contact avec le sang après le début des symptômes. Les infections ont principalement lieu entre patients et médecins, et lors des rites funéraires.
Il n’existe pas de traitement spécifique au virus Ebola. La prise en charge consiste essentiellement en un traitement antipyrétique pour la fièvre et en une réhydratation des patients mis en quarantaine le temps qu’ils produisent les anticorps adéquats et se débarrassent du virus. Le taux de mortalité est élevé : jusqu’à 90 % dans certains foyers épidémiques.
Premier cas probable au Nigeria, le Liberia referme ses frontières
D’autre part, le ministre de la Santé nigérian a rendu publique l’existence de ce qui est probablement le premier cas d’Ebola au Nigeria depuis le début de l’épidémie. Il s’agit d’un homme originaire du Liberia de 40 ans, arrivé à Lagos le 20 juillet via Lomé, au Togo. Il a été admis à l’hôpital dès les premiers symptômes évocateurs d’une infection par le virus Ebola. Des prélèvements ont été envoyés à l’Institut Pasteur de Dakar pour une confirmation.
Lundi, le Liberia a annoncé la fermeture de la plupart de ses frontières terrestres pour tenter d’enrayer la propagation de l’épidémie. Dans un communiqué de presse daté de dimanche, la présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf a précisé que plusieurs points d’accès ne sont pas concernés par cette fermeture : l’aéroport international Roberts de Monrovia, l’aéroport James Spiggs Payne (lui aussi à Monrovia), les postes d’accès terrestres de Foya et de Ganta sur la frontière avec la Guinée, ainsi que celui de Bo Waterside à la frontière avec la Sierra Leone. Des centres de prévention et de dépistage y seront installés dans le cadre d’une nouvelle politique d’immigration.
Les décisions de la conférence d’Accra en partie respectées
Lors de la conférence organisée par l’OMS à Accra, au Ghana, les ministres de la Santé des 11 pays d’Afrique de l’Ouest touchés ou menacés par l’épidémie semblaient s’être mis d’accord sur l’inutilité de fermer les frontières, selon le Dr Jean-Claude Manuguerra, qui dirige la cellule biologique d’intervention d’urgence (CIBU) au sein de l’Institut Pasteur (Paris), joint par « Le Quotidien du Médecin » à son retour de la conférence. Il semblerait que le Liberia ait finalement décidé de passer outre.
Le 24 juillet dernier, le Premier ministre de la Guinée, Mohamed Saïd Fofana, et le directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, le Dr Luis Sambo, ont inauguré le centre de coordination sous-régional de lutte contre l’épidémie (Sub-regional Outbreak Coordination Centre ou SEOCC) à Conakry. La création de ce centre décidé lors de la conférence d’Accra doit permettre la consolidation et l’harmonisation du support technique international en direction des pays touchés par l’épidémie.
La Guinée, le Liberia et la Sierra Leone traversent la pire épidémie d’Ebola jamais enregistrée avec 672 morts et plus de 1 200 cas confirmés répartis entre la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, selon le dernier point de l’OMS diffusé le 27 juillet.
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