Ce ne sont pas les 95 morts ni les 151 cas cliniquement compatibles, selon le bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) diffusé lundi 7 avril, de l’épidémie d’Ebola actuellement en cours en Guinée qui inquiète le plus Marie Christine Ferir, mais bien leur répartition géographique.
Selon la coordinatrice d’urgence de Médecin sans frontière (MSF), « le nombre de malades est comparable à celui observé lors de précédentes épidémies, mais l’éloignement des différents foyers est inquiétant ». Sans compter les huit patients de la capitale, Conakry, les malades guinéens se répartissent en effet entre les localités de Nzérékoré, de Kissidougou, de Gueckedou et de Macenta, soit des villes de la Guinée forestière distantes de parfois plus de 250 km. Un total de 54 malades était confirmé au 7 avril par les laboratoires mis en place à Conakry, et à Gueckedou. « On n’est pas encore parvenus à la moyenne de 109 cas confirmés sur les 25 dernières épidémies. La seule différence importante, c’est que l’on a des cas dans une grande ville », précise le Dr Jean Claude Manuguerra, responsable de la Cellule d’intervention biologique d’urgence, actuellement en mission dans la capitale Guinéenne.
Un « contact tracing » rassurant
Lui aussi sur le point de se déployer dans le sud du Pays, le Dr Sylvain Baize, le responsable du centre national de référence des fièvres hémorragiques virales de Lyon, à l’institut Pasteur partage certaines craintes de MSF. « Il est très difficile de se faire une idée exacte de l’importance de l’épidémie, mais on peut être inquiet compte tenu de l’étalement géographique des cas. Cela signifie qu’il a dû se passer un certain temps avant que les premiers cas soient vraiment identifiés. » L’élément déterminant pour la suite des événements sera la manière dans les cas retrouvés à Conakry ont été gérés. « S’ils ont été trouvés rapidement, et si tous les cas contacts ont été bien isolés, alors l’épidémie est finie là-bas », estime Sylvain Baize. Pris en charge par le CHU de Donka au début de l’épidémie, ces patients, ainsi que les possibles cas contacts, sont désormais traités et isolés dans une unité mobile de MSF installée dans le périmètre de l’hôpital. L’origine des patients de Conakry est également un sujet de préoccupation. Les autorités de santé et MSF se livrent en ce moment au « contact tracing » pour savoir s’ils proviennent des régions déjà touchées ou si des foyers non détectés peuvent exister. Marie Christine Ferir se veut rassurante sur ce point : « Les malades de la capitale sont très liés aux premiers cas du sud du pays, de même que les cas retrouvés dans les pays limitrophes. Il s’agit de membres des mêmes familles. »
Les pays limitrophes sous surveillance
Le ministre de la santé et de la sécurité sociale du Liberia a annoncé un total de cinq cas d’infection par le virus Ebola confirmés par laboratoire, tous décédés. Le cas le plus récent s’est déclaré dans le comté de Montserrado où se trouve la capitale Monrovia. Le Liberia compte en outre 16 cas suspects et 28 contacts ont été mis à l’isolement dans une unité montée avec le soutien de MSF.
Pour sa part, le ministère de la santé du Mali a annoncé l’existence de six cas suspects, dont deux sont désormais hors de cause et quatre autres sont en cours d’investigation par le Center for disease control (CDC) d’Atlanta et par l’Institut Pasteur de Dakar. Il n’y a en revanche plus eu d’évolution au Sierra Leone depuis les deux infections par le Lassa initialement prises pour des Ebola. Le scénario était pourtant parfait : ils revenaient tous les deux d’un rite funéraire dans une zone du sud de la Guinée touchée par l’épidémie.
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