Si les cas de tuberculose multirésistante sont encore majoritairement importés en Europe de l’Ouest, il semblerait que ce ne soit plus le cas dans certains pays d’Europe de l’Est. Un consortium européen de chercheurs tire la sonnette d’alarme.
Les mycobactéries multirésistantes sont en train de devenir des pathogènes autochtones dans certains pays d’Europe de l’Est, préviennent les chercheurs du consortium européen TBnet dans une étude publiée dans « Emerging Infectious Disease », soutenue par le 7e Programme-cadre de recherche et développement (FP7). Le Dr Gunnar Günther, du centre de recherche de Borstel, et ses collègues sont parvenus à cette conclusion en analysant 380 patients infectés par des souches résistantes de Mycobacterium tuberculosis et 376 contrôles infectés par une souche non résistante dans 16 pays européens.
Seulement 0,5 % de cas importés
Plus le patient vivait dans un pays à incidence élevée de tuberculose, moins il y avait de chance qu’il s’agisse d’un migrant. Seulement 0,5 % des malades étaient des cas importés, dans deux pays ayant plus de 100 cas pour 100 000 habitants par an : la Moldavie et la Roumanie. De plus, pour plus de la moitié des patients, il s’agissait d’un premier épisode de tuberculose, non lié à une hospitalisation. Ces deux éléments suggèrent que les tuberculoses multirésistantes sont devenues des maladies autochtones et communautaires dans ces pays où les traitements de seconde ligne sont parfois difficilement accessibles.
Dans les 10 pays de plus faible prévalence (moins de 20 cas pour 100 000 habitants par an) comme l’Italie ou la Grande Bretagne, 85,4 % des cas de tuberculoses multirésistantes étaient des cas importés, mais seule une minorité d’entre eux provenaient de pays extracommunautaires. « Les politiques européennes de prévention devraient se concentrer sur les pays où l’incidence de la tuberculose, surtout en Europe de l’Est », avertissent les auteurs.
Résistants aux fluoroquinolones
Les auteurs notent que 59,7 % des souches retrouvées sont résistantes aux pyrazinamides, 26,6 % résistent aux agents injectables de seconde ligne et 6,8 % résistent à tous les traitements. Plus inquiétant, 17,6 % des souches de mycobactéries survivent aux fluoroquinolones qui constituent « l’épine dorsale des nouveaux traitements de la tuberculose », rappellent les auteurs.
Gunnar Günther et al, Multidrug-Resistant Tuberculosis in Europe, 2010–2011, Emerging Infectious Disease, volume XXI, n° 3, mars 2015.
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