La mesure de la « charge infectieuse » établie par l’association de 5 sérologies d’agents pathogènes très communs comme les virus Herpès, serait prédictive de façon indépendante, des performances cognitives.
L’idée d’une piste infectieuse aux démences n’est pas nouvelle, mais le lien toujours aussi difficile à établir. Des recherches fondamentales ont montré que l’inflammation déclenchée par les agents infectieux joue un rôle dans les accidents vasculaires cérébraux d’origine ischémique, l’athérosclérose et les démences. Virus et bactéries envahissent la paroi des vaisseaux, provoquent la libération de cytokines, agissent sur le métabolisme lipidique et, finalement, génèrent un dysfonctionnement vasculaire.
Mille six cent soixante-cinq patients inclus
Une équipe de cliniciens américains coordonnée par le Dr Mira Katan (département de Neurologie, New York) qui publient leur travail dans Neurology*, a émis l’hypothèse selon laquelle un état infectieux chronique lié à la présence de plusieurs agents infectieux déjà été associés à une augmentation du risque d’AVC et de maladie d’Alzheimer, pourrait également être en cause dans la survenue d’une démence.
L’étude s’est appuyée sur une cohorte existante, la NOMAS (Northern Manhattan Sudy) : les auteurs ont sélectionné les patients indemnes d’AVC pour lesquels ils disposaient de sérologies et de tests cognitifs, en particulier le MMSE (Mini-Mental Test Examination) à l’inlusion et le TICS-m durant le suivi. Les tests étaient réalisés annuellement pendant 8 ans.
Mille six cent soixante-cinq patients ont été inclus : âge moyen 69 ans, 65 % de femmes, 58 % d’origine Hispanique, et dont le MMSE se situait en moyenne à 27 ; 5 sérologies (ELISA) étaient disponibles : Chlamydia pneumoniae, Helicobacter pylori, Cytomégalovirus, Herpes Simplex Virus 1 et 2 et regroupées en un seul résultat, l’IB (pour infectious burden), correspondant en quelque sorte à une charge infectieuse.
Plus l’IB augmente, plus le score MMSE baisse
Dans l’analyse statistique non ajustée, plus l’IB augmente, plus le score MMSE baisse (p‹0,001). Après ajustement statistique sur les facteurs de risque vasculaire pouvant biaiser les résultats, la corrélation est moindre (p = 0,06), mais persiste.
Les sujets qui avaient l’IB le plus haut avaient un risque de démence augmenté de 25 % comparativement aux IB les plus bas. Le lien est plus marqué chez les femmes, avec un niveau d’éducation faible, et sédentaires. En revanche, l’IB n’est pas associé avec le déclin cognitif au cours du temps. Enfin, les résultats sont les mêmes lorsque l’IB ne prend en compte que les sérologies virales.
Les auteurs prudents admettent quelques limites sur l’interprétation de leurs résultats et s’abstiennent de mentionner un lien causal. Les analyses sérologiques sont en faveur d’infections anciennes, survenues avant le déclin cognitif. L’index IB ne varie pas selon le génotype APOE qui prédispose à l’Alzheimer et les associations ne se modifient pas au cours du temps ce qui semble en faveur du rôle des infections anciennes, contractées dans l’enfance. Il y a donc quelques domaines à éclaircir avant de traiter préventivement le risque d’AVC et de démence par des agents anti-infectieux.
Infectious Burden and Cognitive Function. Neurology, 26 Mars
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