Les personnes vivant avec un diabète ont un surrisque infectieux qui ne limite pas à la plaie du pied, avec un risque relatif d’infections multiplié par deux à trois par rapport aux sujets non diabétiques (1). En plus d’être plus fréquentes, ces infections sont aussi plus sévères, avec un risque d’hospitalisation et de décès significativement majorés. Certaines sont pourtant accessibles à la prévention par la vaccination, avec un bénéfice comparable à celui observé dans la population générale, sans majoration des effets secondaires.
Malgré cela, la couverture vaccinale des personnes vivant avec un diabète est pourtant très insuffisante, et bien en deçà des objectifs édités par les autorités de santé. Ainsi, le taux de couverture vaccinale contre la grippe est de l’ordre de 20 à 30 % chez les sujets de moins de 60 ans et de 60 à 70 % chez ceux de plus de 60 ans. Les données récentes de l’étude Covarisq montrent que les taux de couverture vaccinale contre le pneumocoque sont encore plus faibles, moins de 5 % des sujets à risque étant vaccinés.
De façon plus globale, les maladies chroniques, telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive, l’insuffisance rénale terminale ou encore l’insuffisance cardiaque, sont concernées de la même manière, alors que la vaccination antigrippale et antipneumococcique sont recommandées chez ces patients (lire figure). La couverture vaccinale reste trop faible en France, pour l’ensemble des populations à risque (2).
Un référentiel argumenté
Face à cette situation, la Société francophone du Diabète (SFD) a publié en 2020 une prise de position sur la vaccination chez la personne vivant avec un diabète (3). L’objectif était d’insister sur la vaccination de ces sujets à risque, en présentant les données de la littérature relatives aux personnes vivant avec un diabète et en argumentant la stratégie de vaccination du calendrier vaccinal. Nous y avions particulièrement insisté sur le bénéfice clinique apporté la vaccination anti grippale, antipneumococcique et, chez les sujets de plus de 65 ans, contre le zona, chez toute personne vivant avec un diabète.
Nous avions relevé, en 2021 que l’infection par le Covid et la gestion de la crise n’avaient pas permis de sensibiliser à la vaccination… En effet, 53,7 % des patients étaient en faveur de la vaccination avant la pandémie, vs. seulement 50,3 % après (4).
Un environnement propice
En revanche, l’hospitalisation nous semble être un environnement favorable à la promotion de la vaccination, particulièrement pour les patients à risque (souvent âgés, polypathologiques, donc à très haut risque infectieux). Nous avons ainsi pu montrer que l’hospitalisation (de jour, semaine ou conventionnelle) permettait d’améliorer, de façon significative, les taux de couverture vaccinale chez les patients fragiles à haut risque infectieux (5). Cette promotion de la vaccination était réalisée (et l’est toujours d’ailleurs) par une équipe pluridisciplinaire, comprenant notamment un pharmacien clinicien.
Néanmoins, la vaccination à l’hôpital reste très limitée, étant donné l’absence d’accord entre les autorités et les établissements de santé en ce qui concerne le remboursement des unités vaccinales utilisées lors des hospitalisations. Un tel accord serait un levier important à mettre en place, pour répondre à la volonté politique provaccinale, tout en s’inscrivant dans le parcours de soin du patient porteur d’une ou de plusieurs pathologies chroniques.
Exergue : Le remboursement des vaccins à l’hôpital serait un levier de promotion important
* Pharmacienne, CHU de Montpellier ** Service Nutrition-Diabète, CHU Montpellier (1) Carey IM et al. Diabetes Care. 2018;41(3):513-21 (2) Bertholom C. Option/Bio. Dec 2022;32(661-662):23-5. doi:10.1016/S0992-5945(22)00238-0 (3) Sultan A et le groupe vaccination de la SFD. Med Mal Metab 2020;14:46-57. Disponible en ligne sur le site de la SFD (4) Breuker C et al. J Clin Med. 2021 Sep 1;10(17):3967 (5) Lohan L et al. Medicina (Kaunas). 2022 Feb 1;58(2):219
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