Une métaanalyse parue dans le « Lancet Respiratory Medicine » vient de confirmer la forte réduction du risque de mortalité par un traitement initié rapidement par les inhibiteurs de la neuraminidase chez les patients hospitalisés lors d’une pandémie grippale. Stella Muthuri, de l’université de Nottingham, et ses collègues, ont agrégé les résultats de 78 études observationnelles rassemblant près de 30 000 patients hospitalisés pour une infection cliniquement confirmée par le H1N1pdm09 au cours de la pandémie de 2009-2010.
Pour réduire le risque de biais inhérent aux études observationnelles, les chercheurs ont comparé des groupes de patients classés selon leur score de propension, c’est-à-dire la probabilité pour une personne de caractéristiques données d’être exposée à un traitement. Comparée à l’absence de traitement, la prescription d’inhibiteurs de la neuraminidase était associée à une réduction du risque de décès de 19 %. Si ce premier résultat n’est guère étonnant, compte tenu de la littérature déjà existante sur le sujet, un autre chiffre attire l’attention : un traitement initié moins de deux jours après le début de la maladie divise par deux le risque de décès par rapport à un traitement commencé plus tard.
Des résultats peu concluants chez l’enfant
Autre élément important, les patients adultes traités avaient un risque de mortalité diminué de 25 %, avec une baisse encore plus prononcée chez les femmes enceintes (- 54 %) et chez les patients en soins intensifs (- 28 %), alors qu’il n’y avait pas d’effet significatif chez les enfants de moins de 16 ans.
Les auteurs avancent comme explication le peu d’études dans leur panel qui s’intéressaient spécifiquement aux enfants ainsi que leurs résultats très divergents. En outre il y avait significativement moins de décès chez les enfants hospitalisés suite à une grippe aiguë, 16 % contre 88 % chez l’adulte, ce qui diminuait la puissance statistique de ce bras de l’étude.
« L’impossibilité de trouver un effet significatif chez l’enfant peut avoir de nombreuses autres explications », estime pour sa part dans un commentaire associé Alicia Fry du CDC d’Atlanta, « comme la charge virale est plus forte que chez l’adulte, il se peut que le dosage nécessaire et le délai de début de traitement soient différents. »
Stella Muthuri et all, Effectiveness of neuraminidase inhibitors in reducing mortality in patients admitted to hospital with influenza A H1N1pdm09 virus infection : a meta-analysis of individual participant data, Lancet Respiratory Medicine, publication en ligne du 19 mars
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