Alors que les demandes d’AMM s’accumulent sur les bureaux de la FDA américaine et de l’agence européenne du médicament (EMA), et que le débat fait rage autour des prix des nouveaux traitements de l’hépatite C, de nouveau résultats positifs (essai de phase II) sont venus renforcer l’intérêt des nouveaux inhibiteurs de protéase lors du 65e colloque annuel de l’Association américaine pour l’étude des maladies du foie de Boston, le « Liver Meeting ».
Une équipe de chercheurs français a ainsi présenté l’évaluation du traitement combiné à dose fixe : ledipasvir 90 mg/sofosbuvir 400 mg commercialisé sous le nom de Harvoni par Gilead, chez 155 patients atteints d’une cirrhose compensée et présentant une importante charge virale.
Une population récalcitrante
Les patients recrutés dans 20 centres français représentaient une population chez qui la ribavirine et l’interféron pégylé avaient échoué, de même qu’un inhibiteur de protéase de première génération. Ces patients ont été aléatoirement répartis entre un groupe recevant deux placebos pendant 12 semaines puis l’association Harvoni et ribavirine, et un groupe recevant Harvoni et un placebo pendant 24 semaines.
Sur les 155 patients, 92 recevaient du télaprévir avant leur inclusion, et 57 recevaient du bocéprévir, tandis que les six derniers bénéficiaient d’un autre traitement. Cette répartition constitue « une bonne photographie de la manière dont les malades sont traités à l’heure actuelle » selon le Dr Marc Bourlière de l’hôpital Saint Joseph de Marseille, investigateur principal de l’étude.
Réponse soutenue 12 semaines après la fin du traitement
Les auteurs ont observé que, 12 semaines après l’arrêt du traitement, les patients avaient une réponse virologie soutenue dans les deux groupes : 96 % dans le groupe traité pendant 12 semaines, et 97 % dans le groupe traité pendant 24 semaines par Harvoni seul. Dans les deux groupes, les patients qui n’ont pas obtenu cette réponse ont connu une récidive après la fin du traitement.
Environ 82 % des patients qui ont commencé par 12 semaines de placebo ont expérimenté des effets secondaires contre 85 % des patients qui ont directement commencé à prendre de Harvoni. « Il s’agissait d’effets secondaires liés à leurs cirrhoses », précise Marc Bourlière, qui note cependant « un certain nombre de céphalées dans le groupe sous Harvoni. »
Concernant le risque d’anémie induit par la prise de ribavirine, les patients du groupe ribavirine avaient une baisse de 2g/dl d'hémoglobine. Cette baisse, qui n’était évidemment pas observée dans le groupe sous Harvoni seul, était corrigée 12 semaines après la fin du traitement.
Une ATU en attente
« Chez les patients non cirrhotiques, la combinaison sofosbuvir/ladipasvir suffit. Avec une cirrhose, la ribavirine reste quand même nécessaire, explique Marc Bourlière, mais dans tous les cas, on s’oriente vers un schéma de traitement à 12 semaines. » Harvoni a bénéficié d’un avis favorable de mise sur le marché par l’EMA, la commission européenne doit encore se prononcer sur l’autorisation de mise sur le marché d’ici la fin de l’année.
En France, une autorisation temporaire d’autorisation (ATU) est également attendue et fait l’objet de discussions entre Gilead, le ministère des Affaires sociales et de la Santé et l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM).
De leur côté, le Dr Paul Kwo, de l’université de l’Indiana, et ses collègues ont présenté les données de l’utilisation de la combinaison de plusieurs inhibiteurs de protéases pour traiter les patients infectés par le VHC bénéficiant d’une greffe de foie, sans avoir recours à l’interféron pégylé. Les interférons sont en effet contre-indiqués dans cette catégorie de malades chez qui il peut induire un risque de rejet du greffon. Le cocktail administré aux patients se composait d’ombitasvir, le ritonavir, l’ABT-450 (un inhibiteur de NS3 et NS4A), le dasabuvir et la ribavirine. Sur les 34 patients transplantés de l’étude, 33 avaient une réponse virologique soutenue à 12 et 24 semaines après l’arrêt du traitement.
Bien qu’il ait fallu cependant prescrire de l’érythropoïétine chez cinq patients, aucun n’a connu d’anémie suffisamment sévère pour justifier une transfusion sanguine.
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