Depuis 3 mois, tous les médecins non spécialistes en hépatologie peuvent prescrire les antiviraux à action directe Epcusa (sofosbuvir / velpatasvir) et Maviret (glécaprévir / pibrentasvir) indiqués dans le traitement de l'hépatite C. Pangénotypiques, en prise orale et avec un taux d'éradication virale de 98 % sans évènement secondaire, ces associations ont considérablement simplifié la prise en charge. Cet élargissement, inscrit dans le plan Priorité prévention, fait partie des mesures phares visant à éradiquer l'hépatite C à l'horizon 2025, mais force est de constater que, pour l'heure, seuls les médecins impliqués dans la réduction des risques liés à la consommation de drogues ou le suivi de patient sous traitement de substitution aux opiacés semblent vouloir s'emparer de cette prescription.
Référent du pôle médecine générale de la Fédération Addiction, le Dr Xavier Aknine a déjà organisé un premier cycle de formation à Paris (d'autres ont eu lieu dans 5 autres villes). Si ces dernières affichent complet « ce sont surtout des professionnels des centres spécialisés en addictologie (CSAPA et CAARUD), qui se sont inscrits », explique-t-il. Les médecins généralistes, eux, sont « débordés et ont trop peu de malades infectés par l'hépatite C », pour être ciblés par ces formations, estime le Dr Denis Ouzan (Institut Arnault Tzanck, Saint-Laurent-du-Var). Contacté par « Le Quotidien », le laboratoire Gilead a confirmé que leur stratégie de communication et de formation concernant la prescription d'Epclusa ne ciblait pas encore les médecins de ville.
Stratégie en 2 temps
Il ne sera pourtant pas possible de faire indéfiniment l'économie de l'implication des médecins de ville surtout si, comme il est prévu dans la stratégie d’élimination de l'hépatite C, un dépistage généralisé de l'hépatite C est mis en place. Quelle stratégie faudra-t-il alors déployer ? Pour le Dr Ouzan, focaliser l'attention sur la seule maladie virale serait une erreur. « Il faut intégrer la sensibilisation de la prescription des nouveaux antiviraux à un ensemble d'outils et de formation sur la problématique plus vaste des maladies chroniques du foie, prédit-il. Les médecins généralistes sont confrontés à un nombre croissant de malades atteints de fibrose et dans la majorité des cas, agir sur les facteurs de risque suffit pour arrêter sa progression » conclut le Dr Ouzan.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024