Mauvaise nouvelle pour les espoirs d’immunité contre le Covid-19. Après la récente publication dans la revue « Nature » d’une étude chinoise démontant l’idée qu’une personne infectée par le virus était par la suite immunisée, un commentaire rédigé par des chercheurs italiens dans le « BMJ Global Health » va même plus loin et avance l'hypothèse d'une gravité accentuée chez les patients réinfectés.
Pour les chercheurs italiens de l’institut IRCCS Burlo Garofolo (Trieste), qui ont travaillé en collaboration avec la London School of Hygiene & Tropical Medicine, l’immunité acquise n’accorderait aucune protection. Pire, elle pourrait être contre-productive et avoir un effet « boomerang », car les patients à nouveau contaminés développeraient des symptômes nettement plus graves.
Présence d’anticorps facilitants après réinfection par le SRAS et le MERS
« On sait que les coronavirus humains (sept souches différentes), dont celui du rhume banal, peuvent déclencher une réinfection indépendamment de l’immunité. Ce phénomène a d’ailleurs été constaté en 2003 avec le SRAS puis le MERS », explique le Pr Luca Cegolon, premier auteur de l'article.
« La présence d’anticorps facilitants (ADE) a été détectée chez des patients atteints de réinfection par le SRAS et le MERS. Par conséquent, l’immunité humorale n’offre aucune protection alors qu’elle peut, au contraire, avoir un effet boomerang selon ces deux exemples », détaille le chercheur, ajoutant que « ces deux infections présentent des analogies importantes avec le cadre clinique des cas particulièrement sévères et critiques de Covid-19, comme la diminution des niveaux de lymphocytes et des interférons qui servent de barrière contre l’infection et une augmentation des phagocytes qui montrent un contexte pulmonaire compromis, caractérisé par une tempête dangereuse de cytokines ».
Des interrogations concernant la vaccination
Chez les patients guéris, les anticorps préexistants créeraient une réponse inflammatoire croisée avec une réduction de l’immunité innée. Ces anticorps pourraient être présents à la suite d'une infection passée de Covid-19 ou d’autres virus respiratoires. D’où la nécessité de mettre en place un plan de prévention en prévision de la deuxième vague.
« La prévention est la clé de voûte, le virus a ralenti sa course en l’état actuel à cause de la chaleur et de l’humidité, mais il faut profiter de cette période pour renforcer l’immunité innée et se préparer à l’automne avec des interventions pharmacologiques qui peuvent protéger les portes d’accès du virus comme le nez par exemple », préconise le Pr Cegolon.
À cela s’ajoute l’importance de la vaccination contre la grippe saisonnière et les bronchites. Reste toutefois que l’hypothèse des chercheurs italiens relance le débat sur la réussite de la course au vaccin contre le Covid-19. « Nous aimerions nous tromper, mais si notre intuition est juste, cela veut dire qu’il y aura des implications importantes au niveau d’un vaccin efficace contre le SARS-CoV-2 », affirme le Pr Cegolon.
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