« Cela faisait longtemps que la maison France en général, et l’ANRS en particulier, n’avait pas été aussi bien représentée à la CROI », se réjouit le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, de retour de Seattle où s’est déroulée la conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes, la semaine dernière. « Les collègues américains se posaient même la question de savoir comment nous pouvions bien nous débrouiller aussi bien avec les budgets qui sont les nôtres », poursuit-il.
Au cours d’une conférence de presse donnée Le Pr Delfraissy est revenu sur les principales communications de la CROI, en compagnie du Pr Jean-Michel Molina (hôpital Saint-Louis), du Pr Christine Rouzioux (hôpital Necker) et du Pr Yazdan Yazdanpanah (hôpital Bichat-Claude-Bernard). Ils ont ainsi évoqué les résultats de l’étude IPERGAY sur la prévention du sida par la prophylaxie pré-exposition et sur les nouvelles données de la cohorte Visconti sur les contrôleurs post-traitement, les spécialistes ont également fait le bilan des essais sur les nouveaux antirétroviraux. Si ces derniers furent peu nombreux lors de cette CROI 2015, quelques succès notables ont été relevés.
Une nouvelle formulation du ténofovir
Les chercheurs de la faculté de médecine de Harvard ont présenté les bons résultats d’une étude de phase 3 d’un traitement contenant 10 mg de ténofovir alafénamide (TAF), en association avec 150 mg d’elvitégravir, 150 mg de cobicistat et 200 mg d’emtricitabine en un comprimé unique par jour pour le traitement de l’infection à VIH-1 chez 1 733 patients naïfs de tout traitement. Mis au point par Gilead, le TAF est une nouvelle formulation du ténofovir, que l’on trouve sous la forme de fumarate de ténofovir disoproxil dans le Truvada. Alors qu’il sera possible de produire des versions génériques du fumarate de ténofovir disoproxil dès 2016, Gilead compte sur le TAF pour prendre le relais, car il provoque moins d’effets secondaires tout en étant aussi efficace que les formulations plus anciennes.
Le traitement à base de TAF s’est révélé non inférieur au Stribild (contenant 150 mg d’elvitégravir, 150 g de cobicistat, 200 mg d’emtricitabine et 300 mg de ténofovir disoproxil). Dans le groupe sous Stribild, 90,4 % des patients ont une charge virale inférieure à 50 copies/mL au bout de 48 semaines de traitement, contre 92,4 % dans le groupe bénéficiant d’une association de TAF et d’autres antirétroviraux. La différence d’efficacité entre les deux groupes n’est pas statistiquement significative. Les auteurs précisent que le traitement expérimental reste non inférieur au Stribild, quels que soient le sexe, l’âge, ou le groupe ethnique des patients.
« Le principal intérêt du TAF est qu’il délivre du ténofovir directement dans les cellules infectées. Au lieu de donner 300 mg de ténofovir disoproxil, on parvient à une efficacité équivalente avec dix fois moins de ténofovir alafénamide, commente le Pr Jean-Michel Molina, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Louis, il présente donc une meilleure tolérance sur le plan rénal et osseux. »
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