La HAS défavorable au dépistage universel de l'hépatite C

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Publié le 29/11/2019

Crédit photo : PHANIE

La Haute Autorité de Santé (HAS) ne recommande pas le dépistage universel de l'hépatite C.

Selon une évaluation médico-économique menée par cette autorité publique, un dépistage universel ne serait pas efficient dans le contexte français. « Il faudrait plutôt renforcer le dépistage dans les populations les plus à risque de contamination et de transmission », estime la HAS qui mènera des travaux pour définir les modalités d'un tel dépistage renforcé.

Depuis la mise à disposition des antiviraux à action directe(AAD), et la primoprescription par les médecins non spécialistes, la question se pose de savoir comment dépister et donc traiter les 133 000 personnes encore infectées par le virus de l'hépatite C en France.

Dans 19 % des cas, le patient serait porteur sans le savoir. Les populations actuellement ciblées par le dépistage sont les usagers de drogues intraveineuses, les partenaires sexuels des personnes atteintes d'hépatite C chronique, la population carcérale et les patients séropositifs pour le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) ou porteurs du virus de l'hépatite B.

D'après les données épidémiologiques récentes présentées par la HAS, la proportion de personnes touchées par l'hépatite C chronique en France est passée de 0,42 % de la population française en 2011 à 0,30 % en 2016. « De plus, aucune étude internationale ne démontre l'efficience d'une stratégie de dépistage étendue à la population générale, affirme la HAS. Et aucune recommandation étrangère ne promeut le dépistage universel. »

31 100 euros par année de vie en bonne santé

L'étude médico-économique de la HAS conclut a priori à un coût supplémentaire de 31 100 euros par année de vie en bonne santé gagnée avec le dépistage universel par rapport à un dépistage des individus avec facteurs de risque. Les auteurs précisent toutefois l'existence de très fortes incertitudes relatives à la valorisation du gain en qualité de vie, aux coûts de la prise en charge et à la prévalence de l’infection non diagnostiquée.

L'étude repose en outre sur des hypothèses très fortes de participation au dépistage de la population ciblée, de mise sous traitement immédiate après le diagnostic et de coût nul d’accès au test de dépistage. « Le coût par QALY, associé au dépistage universel par rapport au dépistage sur facteurs de risque, est probablement sous-estimé dans l’étude », peut-on lire dans le rapport.

Pour preuve de l'inefficience supposée du dépistage universel, la HAS cite l'exemple du VIH. Dans ce domaine, le dépistage universel « n'a pas eu les effets escomptés en raison des difficultés importantes de mise en œuvre ».


Source : lequotidiendumedecin.fr