La semaine dernière, l’hôpital UCLA de Los Angeles faisait état de deux morts liées aux EPC, apparemment transmises par le biais de duodénoscopes mal désinfectés. Dans la foulée, un hôpital de Caroline du Nord rapportait 18 cas d’infection et 1 décès dus aux EPC en 2 015. Face à l’émoi de la population américaine, Barack Obama a proposé de doubler les fonds alloués par le gouvernement à la prévention, la détection et la lutte contre les bactéries résistantes. $1.2 milliards y seront octroyés en 2016.
Mais le danger que représentent ces superbactéries n’est pas confiné aux États-Unis. L’année dernière, l’OMS a publié son premier rapport sur le sujet. « À moins que les nombreux acteurs concernés agissent d’urgence, de manière coordonnée, le monde s’achemine vers une ère postantibiotique », avait annoncé le Dr Keiji Fukuda, sous-directeur général de l’OMS pour la sécurité sanitaire. Au mois de décembre, un groupe de travail mandaté par le gouvernement Britannique annonçait, pour sa part, que 10 millions de personnes succomberaient aux superbactéries d’ici à 2050.
La France n’est pas épargnée
En France, les infections aux EPC sont à la hausse depuis 2010. En mars 2014, l’Institut de veille sanitaire (InVS) rapportait que « le nombre d’épisodes impliquant des EPC est en augmentation très nette depuis 2009. On dénombre entre 50 et 60 épisodes signalés chaque mois depuis septembre 2 013 ». De janvier à mars 2014, 102 épisodes auraient été signalés.
Dès 2010, le Haut Conseil de la Santé Publique a émis des recommandations à cet égard, réitérées en 2 013. Sur le plan hygiénique, la priorité consiste à éviter les épidémies. Il incombe aux hôpitaux de repérer les patients en rapatriements sanitaires et de ceux ayant été hospitalisés au cours de l’année à l’étranger. Ces personnes doivent bénéficier de mesures de précautions supplémentaires pour éviter toute dissémination d’une éventuelle superbactérie. L’instance a également émis des recommandations à destination des microbiologistes, pour mettre en place des méthodes de détection plus rapides. Une surveillance microbiologique est effectuée systématiquement sur les matériaux tels que les endoscopes et, cette année, un audit national évaluant les pratiques de désinfection des endoscopes avec canaux – les outils actuellement en cause aux États-Unis – devrait avoir lieux dans les établissements de santé.
Un mauvais élève en matière de consommation d’antibiotiques
La surconsommation d’antibiotiques est évidemment la principale cause de ces résistances. Le plan antibiotique français 2011-2016 vise une réduction de la consommation de 25 % d’ici 2 016, mais cet objectif sera difficile à respecter, soulignent les experts. Selon le dernier rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament, la France serait le 4e plus gros consommateur d’antibiotiques d’Europe, derrière la Grèce, la Roumanie et la Belgique. Si la consommation globale a baissé de 10,7 % entre 2 000 et 2 014 dans le pays, la tendance est à la hausse (5.9 %) depuis 2010.
Ainsi, un groupe de travail mis en place l’année dernière à la demande de Marisol Touraine devra formuler, d’ici juin 2015, des propositions pour réduire l’incidence de ces infections et favoriser le développement de nouvelles molécules anti-infectieuses.
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