Pour la première fois, des chercheurs viennent d’obtenir des preuves expérimentales d’une infection naturelle par des bactéries du genre wolbachia de spécimens sauvages d’Anopheles gambiae, un des principaux vecteurs du paludisme. Les Wolbachia font donc figure de moyen potentiel pour agir sur les populations d’anophèles, et ainsi réduire le risque de transmission du paludisme. Ces travaux, parus dans Nature Communications, sont le fruit d’une collaboration entre plusieurs équipes de l’université de Harvard, de l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire (CNRS) et de l’université de Pérouse. Des études précédentes, réalisées en laboratoire, avaient montré qu’une infection par ce type de bactérie réduisait les capacités de reproduction et l’immunité des anophèles. En revanche, on ne savait pas si une infection bactérienne pouvait survenir dans le milieu sauvage. Pour les auteurs, ces nouvelles données sont d’autant plus importantes que les tentatives de contrôle du vecteur par le biais d’insecticides se heurtent de plus en plus à l’apparition de résistance chez les insectes. En outre, il existe des exemples réussis d’utilisation des Wolbachia contre les populations sauvages d’Aedes aegypti, responsables de la transmission de la dengue et de la fièvre jaune.
Une nouvelle souche de bactéries
La preuve finale a été apportée par le séquençage des ARN composant les sous-unités 16S des ribosomes retrouvés dans des moustiques collectés autour de trois villages burkinabés. Les chercheurs ont trouvé des sous-unités 16S spécifiques aux Wolbachia dans 11 des 43 sites de collecte, et précisent également avoir identifié au moins deux souches différentes de Wolbachia. Selon un séquençage complet du génome de bactéries issues de deux sites, au moins une de ces deux souches appartenait à un groupe phylogénétique qui n’avait pas encore été identifié et qui pourrait donc être spécifique aux anophèles.
Transmission maternelle
Une dernière question restait en suspens : comment ces bactéries se transmettaient-elles ? En collectant de nouveaux anophèles femelles depuis un des sites positifs au Wolbachia au cours d’une période de ponte, les chercheurs ont constaté que 68 % de la progéniture était infectée par la même souche bactérienne que leurs mères. Il s’agit donc bien, comme chez les autres espèces d’insectes victimes de ces bactéries, d’une transmission verticale : de la mère aux descendants.
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