Journée mondiale de la lèpre

Le chemin vers l’éradication est encore long

Publié le 22/01/2015
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Crédit photo : DR

En 2014, 200 000 nouveaux cas ont été détectés à l’échelle mondiale, touchant principalement l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Asie du Sud-Est. « 17 000 nouveaux cas sont des enfants. Certains sont déjà atteints d’infirmités sévères. On est sidéré de voir cette situation. Il faut trouver une stratégie pour les diagnostiqués plus tôt », explique le Dr Roch Christian Johnson, en poste au Bénin.

Plan d’action 2015-2018

La fédération des associations luttant contre la lèpre dans le monde (ILEP) a construit le plan d’action lèpre 2015-2018 qui s’articule autour de trois axes : stopper la transmission par un dépistage actif, prévenir des invalidités et continuer à briser les barrières de l’exclusion. « On doit faire de la prévention d’invalidité. Diagnostiquer les patients le plus tôt possible pour empêcher le bacille de toucher les nerfs périphériques et causé des mutilations », souligne le chirurgien orthopédiste Michel-Yves Grauwin. La fondation Raoul Follereau a déjà mis en place grâce aux dons, des centres médicaux dans des régions reculées afin de diagnostiquer et prendre en charge les malades. « Nous n’avons pas d’outils adéquats pour diagnostiquer, on pourrait étudier des prélèvements au microscope mais les conditions environnementales ne nous le permettent pas. Des champignons s’immiscent sur les oculaires et sur les lames au bout de quelques jours. Il nous reste la technique de la génétique notamment de la PCR, mais cela reste difficile », souligne le Pr Vincent Jarlier, léprologue et chercheur à la Salpêtrière.

Un traitement efficace mais un bacille de plus en plus de résistant

La prévalence de la lèpre a diminué de 90 % en 20 ans, passant de 1 million à 200 000 cas. « La lèpre a diminué spontanément en dehors d’une action médicale, notamment dans les pays qui ont amélioré les conditions sanitaires et d’hygiène », souligne le Pr Jarlier. La polychimiothérapie (PCT), mise au point avec le concours de la Commission médicale et scientifique Follereau, est composée de trois antibiotiques et guérit le patient entre 6 et 12 mois selon la forme de sa lèpre (paucibacillaire ou multibacillaire). Le taux de rechutes est de 1,5 %. « Le traitement est très efficace, si le bacille n’est pas résistant aux antibiotiques. On doit absolument surveiller les patients résistants car ils peuvent contaminer d’autres individus, qui eux-mêmes seront résistants », poursuit le Pr Jarlier.

Réinsertion sociale et professionnelle

La fondation s’est également engagée dans le combat contre l’exclusion. « Il est nécessaire de prendre en compte les aspects humains et sociaux de cette maladie, indique Bénédicte de Charette, responsable du programme lèpre, nous essayons au cas par cas de trouver le moyen de réinsérer les malades et de leur trouver une activité qui soit adaptée à leur handicap ». À Madagascar, des centres dédiés aux malades les préparent au retour au travail. « En 2014, nous avons détecté 60 cas de lèpre multibacillaire, 38 adultes et 12 enfants. Les personnes sont hospitalisées entre 6 et 12 mois, le centre prévoit des activités de culture, de plantation de manioc ou d’élevage », explique sœur Jacqueline qui travaille dans l’un des centres du nord de l’île malgache.

Bien que des efforts aient été accomplis, le chemin vers l’éradication est encore long. « Le nombre de cas de lèpre est stable, on n’en voit pas le bout. Il y a eu de nombreux succès mais pas de victoire », indique le Pr Jarlier. La fondation Raoul Follereau continue son combat et lance sa campagne « Si la lèpre existait encore en France, serions-nous plus généreux ? ». Quelque 10 000 bénévoles arpenteront les rues de France à partir du 23 janvier pour récolter des dons afin de financer du matériel et aider la recherche à élaborer un test de dépistage.

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du Médecin: 9380