DE NOTRE CORRESPONDANTE
« CETTE ÉTUDE donne une explication à l'envahissement des méninges par le méningocoque (agent de la méningite cérébro-spinale) », explique au « Quotidien » le Pr Xavier Nassif (hôpital Necker-Enfants Malades à Paris, et INSERM U-570).
« La bactérie franchit la barrière sang-cerveau en ouvrant les jonctions serrées qui existent entre les cellules endothéliales cérébrales. Cette disjonction des jonctions intercellulaires est le résultat d'une confusion de la cellule endothéliale qui prend la bactérie adhérente à sa surface pour une autre cellule endothéliale. Notre prochain objectif est de trouver sur la cellule endothéliale le récepteur à travers lequel le méningocoque opère pour provoquer cette confusion. »
Le méningocoque (N eisseria meningitidis) une bactérie commensale du nasopharynx de l'homme (portage nasopharyngé asymptomatique chez 5 à 15 % de la population), peut être responsable de septicémie et de méningite cérébro-spinale.
Les méningites à méningocoques sont rares en France (1 cas pour 100 000 habitants), touchant surtout les enfants de moins de 5 ans et les adolescents, mais elles restent redoutées en raison de leur pronostic fatal (10 % des cas), et il existe toujours de grandes épidémies meurtrières en Afrique sahélienne (type A et W135).
Une des barrières les plus étanches de l’organisme.
Du fait de la sélectivité de N. meningitidis pour l'homme et de l'absence de modèle animal de l'infection, des incertitudes persistent sur les mécanismes d'interaction in situ de cette bactérie avec son hôte.
L'une des grandes questions est de savoir comment, après avoir envahi la circulation sanguine, le méningocoque parvient à franchir la barrière hémato-encéphalique (BHE), l'une des barrières les plus étanches de l'organisme grâce à l'existence de jonctions serrées entre les cellules.
Les études cérébrales autopsiques ont suggéré que le méningocoque traverse cette barrière au niveau des cellules endothéliales des capillaires méningés.
On sait aussi que cette bactérie utilise son pili de type IV, un appendice filamenteux, pour adhérer aux cellules endothéliales ; et ce pili est indispensable pour le franchissement de la BHE.
L'équipe de Xavier Nassif, en collaboration étroite avec l'équipe de Sandrine Bourdoulous (CNRS, Institut Cochin), s'attache depuis longtemps à élucider les mécanismes par lesquels le méningocoque franchit la barrière hémato-encéphalique.
Domaines de jonction ectopiques.
Dans une étude publiée dans la revue Science en ligne (Sciencexpress), Coureuil, Nassif et coll.expliquent en détail comment le méningocoque franchit la BHE.
En étudiant in vitro une lignée de cellules endothéliales des capillaires cérébraux humains, les chercheurs ont constaté que, après adhésion par le pili aux cellules endothéliales, le méningocoque recrute le complexe protéique de polarité (Par3/Par6/PKC), connu pour jouer un rôle pivot dans l'établissement de la polarité des cellules eucaryotes et la formation des jonctions intercellulaires. Le recrutement de ce complexe de polarité conduit à la formation de « domaines de jonctions intercellulaires ectopiques » au site d'interaction bactérie-cellule, les protéines jonctionnelles situées à l'interface des cellules endothéliales étant redirigées vers le site bactérie-cellule, donc perdues pour l’interface cellule-cellule. Ceci ouvre ainsi les jonctions intercellulaires de l'endothélium des capillaires méningés.
« L'ouverture de cette route paracellulaire permet à N. meningitidis de traverser la BHE et d'envahir les méninges », concluent les chercheurs.
Sciencexpress 11 juin 2009, Coureuil et coll.
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