Seuls deux cas du nouveau coronavirus (MERS-CoV) ont été identifiés en France jusqu’à présent, en mai 2013. Le premier patient avait effectué un séjour touristique aux Émirats Arabes Unis dans les 14 jours précédant les signes cliniques. Les investigations menées autour de ce patient ont permis d’identifier, parmi ses contacts, un autre cas de MERS-CoV. « Ces deux patients ont été hospitalisés au CHRU de Lille. Le premier est décédé tandis que le second, après un long séjour en réanimation, a été transféré en rééducation », précise le Pr Benoît Guéry, chef du service des maladies infectieuses.
La conduite à tenir face à tout nouveau cas de MERS-CoV, telle qu’elle avait été définie en juillet dans une note du SPILF-COREB (1), n’a pour l’instant pas évolué. « Nous n’avons pas connu d’évolution particulière au cours des derniers mois. Nous n’avons notamment pas assisté à une explosion du nombre de cas suite aux pèlerinages à La Mecque en octobre. Aujourd’hui, au niveau mondial, le nombre total de cas reste relativement confidentiel par rapport à ce qui avait pu être envisagé à un moment par les autorités sanitaires », souligne le Pr Guéry. Le 9 janvier 2014, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recensait un total de 178 cas confirmés en laboratoire, parmi lesquels 76 décès, depuis septembre 2012.
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Pour l’instant, aucune thérapeutique spécifique n’a été mise en place pour traiter les patients touchés par l’infection. « Il existe aujourd’hui deux grandes pistes. La première concerne l’association ribavirine/interféron, cette voie est toujours en attente [lire encadré]. Sinon, l’OMS et le consortium ISARIC [lnternational Severe Acute Respiratory and Emerging Infection] croient très fort à la piste du plasma convalescent. L’idée est de prendre le plasma convalescent chez les patients ayant survécu à l’infection, pour faire un transfert d’immunité vers les nouveaux patients. Nous savons que des chaînes de production pourraient très réagir très vitesi cette piste thérapeutique devait s’avérer intéressante. Mais pour l’instant, cela ne bouge pas car il y a peu de nouveaux cas dans le monde », souligne le Pr Guéry.
Au niveau international, une collaboration a été instaurée sous l’égide de l’OMS avec les pays principalement concernés par l’infection, en particulier l’Arabie Saoudite. « Un cahier de recueil d’informations a été mis en place. Un accord a été trouvé au niveau du type d’informations à recueillir mais cela bloque encore un peu au niveau des protocoles ».
Ce dernier reste prudent sur la suite des événements. « Pour l’instant, nous sommes un peu dans le même cas de figure qu’avec le H5N1, c’est-à-dire un agent très pathogène mais avec un taux de transmissibilité très faible. Tout va dépendre maintenant de la mutation et de l’adaptabilité du virus », souligne le Pr Guéry.
D’après un entretien avec le Pr Benoît Guéry, chef du service des maladies infectieuses du CHRU de Lille.
(1) http://www.infectiologie.com/site/medias/alertes/coronavirus-COREB-SPIL…
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178 cas confirmés dans le monde à ce jour
Légende photo
Le pèlerinage à La Mecque en octobre n’a pas entraîné d’explosion du virus
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