En 2010, une épidémie de poliomyélite avait défrayé la chronique en République du Congo, causée par une souche sauvage de poliovirus de type 1 (WPV1). Sur les 445 cas confirmés, principalement situés dans la ville de Pointe noire, on avait en effet observé une létalité de 47 %, bien supérieure à celles des épidémies récentes. À titre d’exemple, seuls 6 % des 463 malades infectés lors de l’épidémie de 2010 au Tadjikistan étaient décédés.
Une modification de l’AgS2
Il avait alors été suggéré que cette forte mortalité était attribuable à un défaut de vaccination dans la population, combiné à une faible notification des cas plus modérés. Jan Felix Drexler, de l’université de Bonn, et ses collègues viennent de montrer dans une étude publiée dans les PNAS que l’explication réside principalement dans la moindre efficacité des vaccins oraux contre la souche WPV1.
Ils ont isolé des souches de virus WPV1, puis les ont exposées à du sérum extrait de 24 patients morts avant d’avoir bénéficié d’une immunisation supplémentaire, ainsi qu’à celui de 12 Gabonais sains vaccinés et de 51 Allemands ayant bénéficié d’une vaccination orale de routine, dont 34 volontaires sains, et 17 patients admis en hospitalisation de jour. Les auteurs précisent que les virus ont été prélevés chez des patients dont la vaccination trivalente a été confirmée par des tests en laboratoire.
Entre 15 et 29 % de patients non protégés
Ils ont observé qu’il y avait significativement moins d’anticorps dirigés contre la souche MPV1 que contre la souche Sabin-1, isolée en 1965, qui a servi d’étalon. Les auteurs notent que 11 patients décédés, 3 patients Gabonais et 16 volontaires allemands présentaient quatre fois moins d’antigènes anti-MPV1 que d’antigènes anti-Sabin-1. Selon les critères de l’OMS, 15 % des volontaires allemands et 29 % des patients hospitalisés, ne disposaient pas d’assez d’anticorps pour être considérés comme étant immunisés contre la souche MPV1.
Selon des analyses phylogénétiques, la souche MPV1 proviendrait d’une souche asiatique ayant donné naissance à deux lignées distinctes en Angola et au Congo, mais seule la lignée MPV1 semble porteuse de la mutation sur AgS2. « Nous apportons des preuves que cette souche résiste aux anticorps produits grâce aux vaccins », affirment les auteurs, qui estiment que cette découverte doit inciter à la prudence et à une surveillance accrue y compris dans les zones où cette maladie a été, en théorie, éradiquée grâce à la vaccination. « Ce sera nécessaire si l’on souhaite atteindre l’objectif final d’éradication de la poliomyélite », concluent-ils.
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