Contributions

Le rôle crucial du MG dans le dépistage de l’hépatite virale C chronique (VHC)

Publié le 20/04/2017
Article réservé aux abonnés

Selon les données épidémiologiques récentes, le nombre de patients VHC restant encore à traiter peut être estimé à 150-160 000 en France.

Dans les dernières recommandations 2016 (1) pour vaincre cette maladie la place des médecins généralistes a été identifiée comme essentielle dans :

- le dépistage précoce et massif de la population générale : avec une sérologie VHC (Ac anti VHC) et une quantification de la charge virale (ARN-VHC) ;

- l’accès au soin pour le traitement le plus rapide possible des patients infectés par le virus C. Celui-ci peut être facilité par la relation de proximité avec l’hépato-gastroentérologue, et/ou des consultations avancées en hépatologie et/ou les centres hospitaliers, permettant ainsi de raccourcir le délai de la prise en charge ;

- le repérage et la prise en charge également des comorbidités associées (stéatose hépatique, diabète, HTA, syndrome dysmétabolique, alcool, cannabis) afin de prévenir les complications telles que la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire.

Les nouveaux traitements antiviraux, anti VHC, permettent la guérison virologique (éradication du virus) chez plus de 95 % des patients avec une excellente tolérance, quels que soient le génotype viral et la sévérité de la fibrose hépatique. En 2017, la nécessité de renforcer le dépistage des hépatites virales en ville devient une priorité en consultation de médecine générale.

En pratique, si, classiquement, la sérologie devait être réalisée chez tous patients transfusés, usagers de drogues, dialysés etc. on doit actuellement le proposer au moins une fois à chaque patient (maladie silencieuse), a fortiori s’il existe des signes associés (manifestations extra hépatiques).

En effet tout patient asthénique, ou avec trouble de l’humeur (dépression, insomnie), ou arthralgie… ou présentant une cytolyse hépatique doit avoir un dépistage du VHC au même titre que l’on prescrit par exemple un dosage de TSH.

Les réflexes actuels de prescription doivent s’adapter, non seulement chez les nouveaux patients, mais aussi chez les malades suivis depuis de nombreuses années. En effet les facteurs de risque de contamination peuvent être très anciens, oubliés ou inconnus.

La « guérison » d’une maladie « chronique » est une notion inhabituelle, qui se rencontre dans peu de pathologies. Dans le contexte de l’hépatite virale C, la guérison peut par ailleurs, être reconnue comme un traitement préventif du cancer (carcinome hépatocellulaire) ce qui est une situation nouvelle.

Dépister pour guérir c’est la mission du médecin généraliste, tout comme accompagner le patient dans la surveillance et le suivi des comorbidités de la maladie chronique du foie.

* Réseau ville Hôpital REVHEPAT, service hépatologie, Hôpital Beaujon, Clichy

 

(1) « Prise en charge thérapeutique et suivi de l’ensemble des personnes infectées par le VHC », rapport de recommandations 2016 sous la direction du Pr Daniel Dhumeaux

Par le Dr Nathalie Boyer*

Source : Le Quotidien du médecin: 9574