Le vaccin contre H7N9, un défi majeur en cas de pandémie

Publié le 24/06/2013
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Crédit photo : PHANIE

Des défis majeurs sont posés par la réalisation d’un vaccin contre le virus influenza, au cas où cette maladie prendrait un tour pandémique (ce qui est seulement l’un des trois scénarii d’évolution possibles, les deux autres étant une limitation à des cas sporadiques ou bien une disparition de l’infection).

Michael Osterholm et coll., du « Center for Infectious Disease Research and Policy » américain (Minneapolis), en évoque les grands traits, soulignant que « la communauté des instances de santé publique au niveau international n’est malheureusement pas préparée à répondre efficacement et à temps par un vaccin en cas de pandémie ». La survenue d’une nouvelle pandémie à un virus influenza est « inévitable », même si ce n’est pas à H7N1.

Contre des souches multiples

Pour relever le défi posé par une pandémie sévère, « les entreprises des vaccins doivent avoir fait des progrès, et être capables de développer de nouveaux vaccins protégeant la majorité des individus contre de multiples souches de virus influenza ».

Des efforts sont en cours développer des souches de H7N9 utilisables, pour manufacturer des lots de vaccins et conduire les études cliniques de phase 1. Les spécialistes américains augurent que ces efforts aboutiront dans les 5 mois. Mais le vaccin ne sera pas prêt à grande échelle à temps si la pandémie est imminente (ce que l’on ignore). Il faut environ 17 à 22 semaines du début de la préparation jusqu’au vaccin finalisé et, dans le meilleur des cas, 4 mois jusqu’à ce que des lots pour la distribution soient disponibles.

En 1957, 1968 et 2009

« La capacité des fabricants à convertir leur production de vaccins antigrippaux saisonniers vers la production d’un nouveau vaccin peut facilement être prise de court par la vitesse d’expansion d’une pandémie. Ce qui aboutirait à une arrivée de vaccins en quantité limitée et après le point critique où une inflexion de la pandémie est possible. C’est ce qui s’est produit en 1957, 1968 et 2009. »

En se fondant sur les données de la pandémie de 2009 à H1N1 et des vaccins saisonniers, on peut estimer l’efficacité potentielle d’un vaccin contre H7N9. On a une efficacité de 59 % chez les adultes jeunes pour un vaccin saisonnier inactivé et il n’y a pas de démonstration d’une protection chez les adultes de plus de 65 ans. L’efficacité des vaccins vivants atténués est de 83 % chez les enfants de 6 mois à 7 ans, mais il n’y a pas de données sur l’efficacité au-delà de 8 ans. L’efficacité médiane du vaccin H1N1 a été de 72 %.

Comme l’âge médian des cas infectés par H7N9 est de 60 ans, un vaccin contre ce virus, même s’il comporte un adjuvant, est susceptible d’avoir des effets limités sur la mortalité totale.

Enfin, l’idéal serait bien sûr de fabriquer des vaccins plurivalents, capables de protéger contre plusieurs souches de virus influenza.

JAMA, en ligne le 9 mai 2013.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr