L’épidémie d’Ebola en Guinée se confirme, les pays limitrophes en alerte

Publié le 25/03/2014
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Crédit photo : AFP

Pour Sylvain Baize, du Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales de l’Institut Pasteur, l’apparition d’Ebola en Guinée est très surprenante. « On ne s’attendait pas du tout à voir de l’Ebola dans ce pays qui, comme la Sierra Leone, est plus concerné par les épidémies endémiques de virus Lassah », une autre fièvre hémorragique dont la transmission interhumaine est beaucoup plus compliquée. Il n’y a pourtant plus de doute possible, la présence du virus Ebola a été confirmée dans six des sept échantillons envoyés à l’équipe de Sylvain Baize jeudi dernier. Depuis samedi dernier, on sait qu’il s’agit de la souche Ebola Zaïre, qui circule habituellement en Afrique centrale, à plusieurs milliers de kilomètres de la Guinée. Selon l’OMS, il y a actuellement 86 cas suspects en Guinée, dont 59 décès. Rien n’indique que tous les malades soient effectivement atteints par le virus Ebola mais toutes les caractéristiques d’une épidémie d’Ebola sont pourtant réunies. « Sur place, il y a un historique de consommation de viande de brousse, on a de nombreux cas contact au sein de plusieurs familles et vraisemblablement beaucoup de transmissions lors de rites funéraires qui rassemblent des membres de plusieurs villages », explique Sylvain Baize. Les premiers cas ayant été pris pour des infections par le virus Lassah, peu de précautions ont été prises au début de l’épidémie, et l’on compte de nombreux personnels de santé parmi les victimes.

La chauve-souris suspectée

Les 86 cas reportés viennent des localités de Guekedou, de Macenta, de N’zérékore et de Kissidougou, toutes situées dans la région de la Guinée forestière dans le sud du pays. Plusieurs hypothèses existent quant à la manière dont le virus a été introduit, la piste de son transport par un hôte intermédiaire comme les grands singes est, a priori, à exclure selon Sylvain Baize : « Les rivières situées entre les zones épidémiques habituelles et la Guinée sont infranchissables pour les grands singes. La piste la plus probable est la transmission par des chauves-souris frugivores, même si l’on n’a, à ce jour, jamais réussi à isoler le virus chez ces animaux. » L’apparition de l’épidémie dans des zones rurales et forestières milite également en faveur de cette explication.

Les pays limitrophes en alerte, le cas suspect au Canada est non confirmé

Les pays limitrophes de la Guinée sont désormais en état d’alerte, et ont d’ores et déjà demandé à leurs populations d’être attentives à l’apparition des symptômes classiques d’Ebola, qui sont une fièvre, des diarrhées, des vomissements, une fatigue prononcée et des saignements. Le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Mali ont annoncé avoir réactivé leur système de surveillance épidémiologique, mais c’est au Liberia que les mesures les plus importantes ont été prises, suite à la découverte de six cas suspects dont cinq sont déjà décédés. Ces cas sont en cours d’investigation par l’Institut Pasteur de Dakar. L’OMS a pour sa part annoncée aujourd’hui que le cas suspect détecté au Canada au retour d’un voyage au Liberia s’était finalement révélé être négatif.

Isoler les malades et leurs familles.

À Conakry, la capitale, plusieurs cas suspects ont été signalés. « Il est possible qu’il s’agisse simplement d’infections par le Lassah », explique Esther Sterk, chargée de superviser le travail des équipes de Médecin sans frontière (MSF) depuis Genève. Pour l’instant, deux des prélèvements issus de la capitale ont été déclarés négatif par l’Institut Pasteur de Dakar. « Notre priorité, affirme-t-elle, est de contenir l’épidémie en isolant les malades et les cas contacts potentiels le temps de l’incubation ». Une trentaine de médecins dépêchés par (MSF) ont déjà commencé à faire un travail d’information auprès de la population et ont installé des zones d’isolement dans des hôpitaux de campagne et des sas de décontamination. Des kits d’hygiène et de protection individuelle ont également commencé à être distribués dans les zones touchées. En tout, 33 tonnes de matériels ont d’ors et déjà été acheminées en Guinée via deux avions charter.

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr